Si le levier santé/nutrition peut parfois permettre d’orienter les consommations des enfants au moment du goûter vers des aliments plus sains, il peut aussi être contreproductif. Les stratégies basées sur le plaisir alimentaire semblent prometteuses pour modifier favorablement et durablement les comportements.
Le Haut Conseil de la santé publique préconise, en cas de sensation de faim, pour les enfants âgés de 3 à 17 ans, la prise d’un goûter structuré en milieu d’après-midi au cours duquel il est recommandé de consommer des aliments des trois catégories suivantes : fruits, produits laitiers, produits céréaliers, et d’éviter la consommation d’aliments gras, salés et sucrés. Des données récentes montrent que seulement 21 % des enfants âgés de 7 à 14 ans suivent cette recommandation et que 43 % des goûters consommés ne contiennent aucune composante solide recommandée. Une étude examine les différents types de stratégies utilisées pour améliorer les dimensions qualitatives et quantitatives des goûters des enfants.
Pour améliorer les comportements alimentaires des enfants au goûter, le levier classiquement utilisé est celui de la transmission d’informations relatives à la santé ou d’informations nutritionnelles. Les résultats des études utilisant ce levier montrent qu’un message orienté « gain », valorisant les bénéfices de la consommation d’aliments sains, semble plus efficace qu’un message orienté « perte », soulignant les inconvénients liés à l’absence de consommation d’aliments propices à une bonne santé. Par ailleurs, les auteurs mettent en avant le fait que la stratégie « santé » peut aussi avoir des effets contreproductifs : il a en effet été observé qu’associer une allégation santé à un aliment peut impacter négativement l’appréciation de cet aliment par les enfants. Une étude qualitative réalisée chez des enfants britanniques révèle que, pour ces enfants, un aliment bon pour la santé ne peut pas être bon au goût et inversement ; en d’autres termes, santé et plaisir seraient pour eux inconciliables.
Pour éviter cet effet non désiré, d’autres études ont utilisé le plaisir comme levier pour favoriser, chez les enfants, des choix alimentaires bénéfiques pour la santé. Une ou plusieurs dimensions du plaisir alimentaire peuvent être considérées parmi les dimensions sensorielle (liée à la dégustation), interpersonnelle (liée au plaisir social) et symbolique (liée aux représentations associées aux aliments).
Ces travaux montrent par exemple que la mise en place d’activités ludiques permettant de renforcer les expériences positives avec les aliments sains (comme la réalisation de « challenges culinaires ») serait une stratégie plus efficiente que la stratégie « santé » pour modifier durablement les comportements des enfants au goûter, en particulier pour réduire la charge énergétique.
Il apparaît également que le fait d’inviter les enfants à se centrer sur les sensations éprouvées lors de la consommation d’un aliment peut les conduire à :
- mieux apprécier la valeur hédonique d’aliments tels que les fruits ;
- consommer en plus petite quantité les aliments très riches en énergie ;
- manger plus lentement et, par conséquent, se sentir plus rapidement rassasiés.
Plus globalement, le fait d’accroître la connaissance des enfants concernant l’histoire des aliments ciblés, leurs origines, les différentes façons de les préparer et de les déguster, peut les amener à prendre en compte la dimension symbolique du plaisir alimentaire et à modifier ainsi les comportements.
En conclusion, les auteurs insistent sur le fait que les stratégies basées sur le plaisir alimentaire pourraient être des alternatives prometteuses aux messages santé ou nutritionnels pour améliorer les aspects qualitatifs et quantitatifs des consommations des enfants lors des goûters.
POQUET, D. ISSANCHOU, S. & MONNERY-PATRIS, S. Le plaisir comme levier pour améliorer les comportements lors du goûter chez les enfants. Cahiers de Nutrition et de Diététique, 2023, doi: 10.1016/j.cnd.2022.12.006.