La pratique d’un sport à bon niveau implique une alimentation adaptée, les apports en énergie, en macronutriments et en micronutriments étant des déterminants clés de la performance. La question de la compatibilité de ce type d’alimentation avec la durabilité alimentaire, jusqu’alors peu étudiée, est discutée ici.
La pratique d’une activité sportive intense régulière implique le plus souvent des besoins en énergie et en nutriments élevés, nécessitant une augmentation des apports alimentaires. Des chercheuses françaises examinent la question de l’impact d’un régime alimentaire durable sur la performance des sportifs de bon et haut niveau.
Les autrices rappellent tout d’abord que de nombreux facteurs déterminent les besoins en nutriments d’un sportif, en particulier le type de sport pratiqué, l’intensité de l’entraînement, le sexe, l’âge, le poids ou encore les objectifs individuels. Dans la majorité des cas, ces besoins peuvent être satisfaits par une alimentation équilibrée. Toutefois, les autrices révèlent qu’une très forte prévalence d’inadéquation en vitamine D est observée chez les athlètes. Or, une insuffisance en vitamine D peut être associée à des risques spécifiques (comme des fractures de stress) et à des altérations des capacités fonctionnelles et des performances.
La durabilité alimentaire est souvent associée à la diminution de la part animale dans la ration au profit de protéines végétales. En raison de leur profil d’acides aminés incomplet mais également de leur digestibilité plus faible, le potentiel anabolique des protéines d’origine végétale est inférieur à celui des protéines d’origine animale. Les autrices rapportent malgré cela les résultats de deux études ayant montré que les mélanges de protéines animales et végétales peuvent être aussi efficaces que les protéines animales de haute qualité pour augmenter la synthèse des protéines musculaires pendant la récupération après l’exercice ; suggérant qu’il est possible de réduire la part animale par des associations astucieuses de protéines végétales et animales.
Le cas spécifique des sportifs suivant un régime végétarien est ensuite examiné. Des travaux menés aux Etats-Unis indiquent que la prévalence de végétariens serait plus élevée chez les coureurs d’endurance que dans la population générale. Si peu d’études ont évalué les impacts du végétarisme chez les sportifs, une recherche récente ne montre pas de différence significative pour les performances en marathon en fonction du régime alimentaire du sportif. Néanmoins, les apports en vitamine B12, en calcium, en zinc et en fer présentent un risque d’être suboptimaux chez les sportifs végétariens, en particulier dans le cadre de disciplines telles que la course de fond ou la gymnastique au sein desquelles les sportifs ont tendance à limiter leurs apports alimentaires pour éviter la prise de poids.
En raison des nombreux rôles physiologiques des acides gras oméga-3, en particulier sur l’immunité et l’inflammation, les sportifs montrent depuis une dizaine d’années un intérêt croissant pour ces lipides, dans le but d’améliorer leurs performances. L’EPA et le DHA peuvent en effet influencer la réponse fonctionnelle physiologique du muscle à l’exercice. Dans un souci de durabilité, pour préserver les ressources en poissons, les chercheuses explorent les caractéristiques de sources végétales d’EPA et de DHA :
- les algues semblent être une source potentiellement intéressante, avec un DHA montrant une bonne biodisponibilité. Cependant des recherches sont encore nécessaires pour mieux caractériser les souches d’intérêt et surtout ne présentant pas de nocivité qui pourrait être liée à la présence d’impuretés ;
- les huiles végétales riches en acide linoléniques (huile de lin, chia, cameline) montrent un taux faible de conversion de l’acide alpha-linolénique en acides gras polyinsaturés à longues chaînes. La consommation exclusive d’oméga-3 sous cette forme ne semble donc pas adaptée dans le cadre de l’alimentation du sportif pour couvrir l’ensemble de ses besoins.
Pour conclure, les chercheuses rappellent que des apports en micronutriments excédant le besoin nutritionnel ne favorisent pas la performance, et pourraient même la réduire en cas d’apports excessifs sous forme de compléments alimentaires.
GONCALVES, A. & FEILLET-COUDRAY, C. Activité physique, sport et alimentation durable(s). Cahiers de nutrition et de diététique, 2024, doi: 10.1016/j.cnd.2024.05.003.