La charge acide de l’alimentation n’est pas associée défavorablement à la microstructure, la résistance et la densité minérale osseuse ainsi qu’à l’incidence de fractures.
L’hypothèse selon laquelle la charge acide de l’alimentation serait associée au risque d’ostéoporose est toujours sujette à débats. Selon cette hypothèse, une alimentation acidifiante (riche en protéines animales, céréales et légumineuses) entraînerait une mobilisation des réserves alcalines osseuses pour tamponner cette acidité, provoquant ainsi une déminéralisation et une élévation des risques d’ostéoporose et de fractures.
Une étude de cohorte examine plus en détail la relation entre la charge acide de l’alimentation et le statut osseux en considérant la microstructure de l’os ainsi que sa résistance, en plus de la simple mesure de la densité minérale osseuse de surface (DMOs) habituellement utilisée. Le calcul de la charge acide rénale potentielle (ou Potential Renal Acid Load : PRAL) a permis de catégoriser les régimes alimentaires des 853 participants âgés de plus de 65 ans (et en bonne santé) en régime alcalin (59 %), régime neutre (23 %) ou régime acide (18 %).
A l’inclusion, le suivi d’un régime acide n’est défavorablement associé à aucun paramètre évaluant la microstructure, la résistance ou la densité minérale osseuse. Quelques-uns de ces paramètres sont même améliorés chez les personnes ayant une alimentation plus acide : le nombre de travées (chez les femmes), la résistance du radius ou encore les DMOs du radius et de la hanche (chez les hommes).
Au cours du suivi longitudinal de 6 ans, la seule association significative mise en évidence par les auteurs se révèle également favorable à la consommation d’aliments plus acides. En effet, chez les femmes suivant un régime acide, une diminution de la perte osseuse corticale et endocorticale est observée, en particulier au niveau du radius. A noter qu’aucun lien significatif n’a été démontré entre l’indice PRAL et l’incidence de fractures.
En conclusion, cette étude, menée auprès de personnes âgées en bonne santé, et prenant en considération la microarchitecture et la résistance osseuse réfute l’hypothèse selon laquelle une diète acidifiante serait associée à une augmentation des risques d’ostéoporose et de fractures.
PAPAGEOGIOU, M. MERMINOD, F. CHEVALLEY, T. « et col. » Associations between age-related changes in bone microstructure and strength and dietary acid load in a cohort of community-dwelling, healthy men and postmenopausal women. The American Journal of Clinical Nutrition, 2020, 112, 4, p. 1120-1131 (doi: 10.1093/ajcn/nqaa191).