Le 02 juillet 2024, l’IOF (International Osteoporosis Foundation) a organisé un séminaire en ligne sur le thème de la santé osseuse et de ses liens avec l’alimentation. La chercheuse Sandra Iuliano (Université de Melbourne, Australie) étudie cette question en allant au-delà du seul examen du calcium et de la vitamine D pour lesquels les liens avec la santé osseuse ont déjà été largement étudiés et sont reconnus.
Pour commencer, Sandra Iuliano fait le point sur l’état des connaissances scientifiques concernant les liens entre la consommation de trois micronutriments avec la santé de l’os :
- La vitamine K. Si la carence en vitamine K est relativement rare, elle peut survenir en raison d’une malabsorption (en cas de maladie cœliaque, de syndrome de l’intestin court ou encore de rectocolite hémorragique) ou suite à la prise de certains médicaments (anticoagulants ou antibiotiques par exemple). La chercheuse met en évidence que, si certaines études montrent un effet bénéfique de la supplémentation en vitamine K sur le risque de fracture, l’examen global de la littérature scientifique ne permet pas de conclure à l’existence d’un lien significatif. Ceci s’explique en particulier par l’hétérogénéité des études qui n’examinent que très rarement l’effet, seul, de la vitamine K.
- Le magnésium. La carence en magnésium inhibe la sécrétion et l’action de la parathormone (PTH), pouvant entraîner une hypocalcémie. Des études transversales ont montré, en particulier chez la femme ménopausée, l’existence d’un lien entre des concentrations basses de magnésium sérique et une faible densité minérale osseuse. Comme pour la vitamine K, la chercheuse souligne cependant le fait que l’examen des méta-analyses ne permet pas de conclure à un lien avéré entre la concentration de magnésium et la densité minérale osseuse, une concentration haute de magnésium allant souvent de pair avec un statut calcique élevé et des concentrations élevées d’autres micronutriments.
- Le zinc. La carence en zinc chez la personne âgée est souvent associée à des problèmes de cicatrisation ou à des troubles de la fonction cognitive. Si peu d’études examinent les liens entre le statut en zinc et la santé osseuse, elles suggèrent que les personnes souffrant d’ostéoporose présentent des concentrations sériques en zinc plus basses que les personnes sans ostéoporose. Sandra Iuliano rappelle que les produits de la mer et les produits laitiers sont les principales sources alimentaires de zinc.
La chercheuse pose ensuite la question de la compatibilité d’une alimentation végétalienne avec une bonne santé osseuse chez la personne âgée. Les données de la littérature mettent en évidence un risque de fracture significativement plus élevé chez les végétaliens comparativement aux personnes suivant un régime alimentaire contenant des produits animaux. Sandra Iuliano insiste sur le fait que les personnes âgées, en plus d’avoir souvent un appétit réduit, ont des besoins en nutriments (y compris en protéines, calcium et vitamine D) supérieurs à ceux des adultes plus jeunes. Ainsi, pour cette population, le végétalisme semble peu adapté pour une bonne santé osseuse, car il élimine l’ensemble des produits d’origine animale, particulièrement denses en micronutriments.
Pour conclure, selon la chercheuse, en complément d’une activité physique régulière, le modèle alimentaire le plus approprié pour une bonne santé osseuse se doit d’être varié, avec des aliments d’origines végétale et animale. Elle insiste en particulier sur le rôle bénéfique que peut jouer une consommation adéquate de produits laitiers sur le risque de chutes et de fractures, comme cela a été démontré dans un essai contrôlé randomisé de deux ans réalisés auprès de 7 000 personnes âgées.
IULIANO, S. « Séminaire en ligne sur le thème de la santé osseuse et de ses liens avec l’alimentation », International Osteoporosis Foundation, 2 juillet 2024.