Les régimes qui promettent une « purification » ou une meilleure santé par élimination des toxines, souvent appelés régimes « détox », séduisent certains patients, tout en les délestant de quelques euros, et laissent parfois perplexes les professionnels santé. Cette revue de la littérature pointe le manque total d’études et de preuves autant de leur efficacité que de leur innocuité.Parcourant la littérature, 2 médecins australiens se sont posé les questions suivantes :
• Quels sont les produits toxiques auxquels nous sommes exposés et sont-ils dangereux au niveau d’exposition les concernant ?
• Y-a-t-il une place pour la nutrition dans l’élimination des toxines ?
• Les régimes détox sont utiles pour le contrôle du poids ?
• Y-a-t-il des risques liés aux régimes détox ?
Certains produits chimiques utilisés par l’industrie s’accumulent dans notre organisme et peuvent être toxiques à haute dose. Il s’agit par exemple des polluants organiques persistants (POP) ou des polychlorobiphényles (PCB). En 1970, l’UE, les USA et l’Australie ont interdit l’usage des POP et restreint celui des PCB. Il peut s’agir aussi du bisphénol et des phtalates, utilisés notamment dans les emballages, des métaux lourds comme le mercure, le plomb ou le cadmium, ou encore de l’arsenic et de l’aluminium.
L’élimination de ces produits se fait via le foie, les reins, le système digestif, la peau ou les poumons. Cependant, certains s’accumulent, principalement dans le tissu adipeux et les os. Leur durée d’élimination peut être longue (la demi-vie du plomb dans les os est de 20-30ans).
A noter que les auteurs se sont intéressés à des produits bien identifiés présents dans notre environnement et non à des « toxines » en général, comme les régimes « détox » les appellent sans jamais préciser de quelles substances il est question.
Des études chez la souris et la truite arc-en-ciel montrent que certains produits auraient des propriétés détoxifiantes, accélérant par exemple l’élimination des POP, du cadmium, du plomb, de l’aluminium ou encore du mercure. La coriandre, les acides malique, succinique et citrique ainsi que la Chlorella, une algue, ou le sélénium seraient concernés. Mais, outre le fait qu’il s’agit d’études sur l’animal, les doses (importantes) et les modes d’administration utilisés interdisent toute extrapolation de ces résultats à l’homme. Par exemple, dans certains cas le produit était injecté par voie péritonéale.
Très peu d’études sont finalement disponibles chez l’homme et leur méthodologie n’est pas satisfaisante (absence de groupe contrôle par exemple).
Enfin, les auteurs insistent sur le fait qu’il faudrait aussi s’assurer que ces traitements soient sans risque et apportent un bénéfice réel en termes de santé.
L’existence de quelques résultats expérimentaux chez l’animal peut donc encourager la recherche. Mais, à ce jour, il n’y a aucune preuve scientifique qui permette d’affirmer que les régimes « détox » ou les produits « détox » contribuent à éliminer des substances toxiques et apportent un quelconque bénéfice santé. L’UE a d’ailleurs refusé la dénomination commerciale « détox ». On ne peut que mettre en garde les patients et dénoncer ces méthodes qui offrent au mieux du rêve.
Klein A.V., Kiat H (2014). Detox diets for toxin elimination and weight management: a critical review of the evidence, Journal of Human Nutrition and Dietetics; doi:10.1111/jhn.12286