Les données du réseau d’Allergo Vigilance® permettent d’identifier des allergènes émergents en France. On peut citer en particulier les laits de chèvre et de brebis, le sarrasin, les pois et les lentilles ou encore les produits de la ruche.
Le Réseau d’Allergo Vigilance® (RAV) enregistre depuis 2002 les cas d’anaphylaxie sévère, survenus en France et déclarés par ses membres, tous professionnels de santé dans le domaine de l’allergologie. Ces données, non exhaustives, ont permis de répertorier, jusqu’à la fin de l’année 2021, 2621 cas sévères d’anaphylaxie alimentaire. A partir de ces informations, une étude identifie l’émergence de nouveaux allergènes alimentaires.
Un allergène émergent est défini par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) comme un allergène correspondant à 1 % ou plus des anaphylaxies sévères en France, enregistrées par le RAV, ou s’il présente un risque de réaction croisée moléculaire avec un allergène appartenant à la liste des allergènes à déclaration obligatoire.
Les déclarations reçues par le RAV entre 2002 et 2021 ont permis d’identifier les aliments suivants comme allergènes émergents :
- les laits de chèvre ou de brebis (76 cas signalés soit 2,9 % des déclarations) ;
- le sarrasin (71 cas ; 2,7 %) ;
- le sésame (62 cas ; 2,4 %) ;
- l’alpha-galactose (glucide retrouvé dans la plupart des membranes cellulaires des mammifères, sauf chez les primates et donc les humains). Les aliments à l’origine des anaphylaxies sont principalement les abats et les viandes de mammifères (45 cas ; 1,7 %) ;
- le kiwi (42 cas ; 1,6 %) ;
- les légumineuses : pois et lentilles (39 cas ; 1,5 %) ;
- les pignons de pin (38 cas ; 1,4 %) ;
- et les produits de la ruche :pollen en pelote, miel, gelée royale, propolis (32 cas ; 1,2 %).
Au vu de ces données, les auteurs mettent en avant l’importance de mettre à jour la liste des allergènes à déclaration obligatoire en la complétant avec l’ensemble des aliments précités.
Par ailleurs, les protéines de nombreux fruits ou légumes partagent de fortes homologies avec des protéines de pollens. Ainsi, un individu sensibilisé, voire allergique aux pollens de bouleau peut présenter une réaction allergique en mangeant une pomme, car son organisme reconnaît le même type de protéines. Ces allergies croisées pollens/aliments deviennent de plus en plus fréquentes en consultation d’allergologie, du fait de l’augmentation des pollinoses liée au réchauffement climatique et à la pollution. En effet, le réchauffement climatique et les polluants jouent un rôle direct sur les pollens en augmentant la production de protéines de stress et en altérant ou modifiant chimiquement le grain de pollen, le rendant ainsi plus sensibilisant et allergisant. Les allergènes émergents par réaction croisée, encore appelés panallergènes, sont les suivants :
- la pomme (23 cas ; 0,9 %) ;
- la banane (23 cas ; 0,9 %) ;
- la pêche (19 cas ; 0,7 %) ;
- et la carotte (19 cas ; 0,7%).
Pour conclure, ces résultats mettent en lumière l’apparition de nouveaux allergènes alimentaires en France. L’augmentation des allergies et des anaphylaxies alimentaires serait favorisée par les modifications de notre environnement, telles que la mondialisation de l’alimentation, l’apparition de nouveaux régimes alimentaires, la hausse de la pollution, ou encore le réchauffement climatique.
SABOURAUD-LECLERC, D. TSCHEILLER, S. LIABEUF, V. « et col. » Allergènes émergents : les données du Réseau d’Allergo Vigilance®. Cahiers de nutrition et de diététique, 2023, doi: 10.1016/j.cnd.2023.02.002.