AccueilBrèves scientifiquesPopulationsQuelle intervention nutritionnelle mener auprès des populations vulnérables ?

Quelle intervention nutritionnelle mener auprès des populations vulnérables ?

Brèves scientifiques
Publié le 19/09/2024
Publié le 19/09/2024
Temps de lecture : 5 minutes
Quelle intervention nutritionnelle mener auprès des populations vulnérables ?
Adobe

La distribution seule de chèques alimentaires à des populations vulnérables ne semble pas suffisante pour améliorer la qualité de leur alimentation. Accompagnée d’une éducation nutritionnelle adaptée, elle permet une meilleure adhérence à la diète méditerranéenne.

Quels sont les types d’interventions nutritionnelles les plus efficaces pour améliorer la qualité de l’alimentation parmi les populations les plus précaires ? Une étude d’intervention menée en Espagne, auprès de 66 personnes vulnérables (21 adultes et leurs enfants) examine cette question.  

Concrètement, les personnes incluses dans le groupe intervention ont reçu pendant 10 semaines des chèques permettant d’acheter des produits alimentaires à hauteur de 120 euros par mois pour les participants de 12 ans et plus et 60 euros par mois pour les enfants âgés de 3 à 11 ans. Elles ont également bénéficié sur la même période d’un programme d’éducation nutritionnelle, consistant en deux sessions hebdomadaires de 50 minutes sur les liens entre l’alimentation et la santé, la diète méditerranéenne, la pyramide alimentaire ou encore des exemples de recettes adaptées à leur culture et leur situation économique. Les participants inclus dans le groupe contrôle n’ont quant à eux reçus que les mêmes chèques alimentaires. 

Les résultats montrent, dans le groupe intervention, une part plus importante dédiée aux aliments favorables à la santé, tels que les fruits, légumes, légumineuses, poissons, fruits à coque et huile d’olive, dans les achats alimentaires, comparativement au groupe contrôle. Les boissons sucrées, snacks salés, gâteaux et plats préparés ont, par ailleurs, été moins choisis par les participants du groupe intervention. Les auteurs font néanmoins remarquer que ces différences observées entre les 2 groupes disparaissent après la fin de l’intervention. 

Ces variations entre groupes dans les choix alimentaires résultent en une adhérence au régime méditerranéen significativement plus élevée dans le groupe intervention. Les données anthropométriques et sanguines réalisées dans les deux groupes mettent en évidence des paramètres de santé améliorés dans le groupe intervention : 

  • diminution du poids, du tour de taille et tour de hanche ; 
  • amélioration des paramètres lipidiques ; 
  • amélioration des marqueurs de la fonction hépatique

Comparativement, dans le groupe contrôle, le poids moyen des participants a augmenté malgré des améliorations des mêmes paramètres sanguins. 

En conclusion, cette étude met en lumière que la fourniture de chèques alimentaires à des populations très vulnérables n’est pas suffisante pour orienter leurs choix alimentaires vers des aliments favorables à la santé. Pour être efficace, elle devrait être accompagnée d’une éducation adaptée à la santé et à la nutrition sur une période de long terme. 

MIGUEL-BERGES, ML. JIMENO-MARTINEZ, A. LARRUY-GARCIA, A. « et col. » The effect of food vouchers and an educational intervention on promoting healthy eating in vulnerable families: a pilot study. Kompass Nutrition & Dietetics, 2024, 4, 1, p. 36-46 (doi: 10.1159/000537856).