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Prise en charge de l’APLV : éviction vs réintroduction progressive

Brèves scientifiques
Publié le 21/10/2024
Publié le 21/10/2024
Temps de lecture : 5 minutes
credit: Olga Miltsova

Chez les enfants souffrant d’APLV, la réintroduction progressive des protéines du lait de vache permet de multiplier par plus de 3 les chances d’acquérir une tolérance à ces protéines, comparativement à l’éviction.

Pour prendre en charge l’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) chez l’enfant, après une première phase d’éviction, deux stratégies sont prioritairement utilisées : soit le lait est progressivement réintroduit, soit l’éviction totale est prolongée. Sur la période comprise entre 2011 et 2020, une étude rétrospective compare, chez 371 enfants souffrant d’APLV IgE-médiée, les effets de ces deux types de prise en charge : l’éviction totale prolongée, pratiquée chez 200 enfants espagnols, et la réintroduction progressive des protéines laitières suivant une « échelle de lait », pratiquée chez 171 enfants irlandais. Le critère de réussite de la prise en charge consiste en l’ingestion d’une quantité minimale de 150 ml de lait frais pasteurisé (soit 4,5 g de protéines de lait), sans apparition de symptômes allergiques (dans le cadre d’un test de provocation orale pour les enfants espagnols ou de l’atteinte du dernier échelon de l’échelle de lait pour les enfants irlandais).

Le suivi de l’échelle de lait consiste en une réintroduction progressivement des protéines du lait de vache en respectant strictement différentes étapes. L’échelle débute par l’introduction de petites quantités de protéines de lait cuit, sous forme de biscuits et évolue jusqu’à la consommation de lait frais en passant par plusieurs paliers définis en fonction de la teneur en lait et du niveau de cuisson : biscuit, muffin, pancake, fromage, yaourt et lait pasteurisé. La durée de chaque étape est fonction de la situation individuelle de l’enfant.

Les résultats montrent que le critère de réussite de la prise en charge a été atteint chez 86,6 % des enfants ayant suivi l’échelle de lait (durée moyenne du traitement : 12,5 mois) et 61,0 % des enfants ayant pratiqué l’éviction totale (durée moyenne : 21,0 mois). L’analyse multivariée qui prend en compte les éventuels facteurs de confusion met en évidence que les enfants ont 3,6 fois plus de chance d’acquérir une tolérance aux protéines de lait de vache dans le cas du suivi de l’échelle de lait que dans celui du régime d’éviction (P < 0,001).

A noter qu’une anaphylaxie a été observée chez 34 enfants du groupe « éviction », suite à des expositions accidentelles au lait, alors que ces épisodes n’ont été relevés que chez 3 enfants dans le groupe « échelle de lait » (P < 0,001).

Pour conclure, cette étude met en évidence le fait que la réintroduction progressive des protéines laitières en suivant une échelle de lait peut être une stratégie efficace dans la prise en charge de l’APLV chez l’enfant.

TRUJILLO, J. CRONIN, C. AH HENG, T. « et col. » A retrospective comparison of IgE-mediated cow’s milk protein allergy management strategies in pediatric cohorts. Pediatric Allergy and Immunology, 2024, 35, e14195, doi: 10.1111/pai.14195.