Le lien entre le fait de grandir dans une ferme ou avec des animaux et la réduction du risque allergique pourrait s’expliquer en partie par le développement précoce de certaines bactéries anaérobies dans le microbiote intestinal.
Il est bien établi scientifiquement que le fait de grandir dans une ferme ainsi que de grandir en compagnie d’animaux est associé à une diminution du risque de développer des allergies. Une étude se basant sur les données de la cohorte FARMFLORA, constituée de 65 enfants, dont 43 % vivent dans des fermes laitières et 62 % ont des animaux domestiques, examine l’hypothèse selon laquelle cette réduction du risque allergique serait liée à des différences de développement du microbiote intestinal dans la petite enfance.
Concrètement, neuf prélèvements de selles réalisés entre les âges de 3 jours et 18 mois ont permis de déterminer, dans le microbiote intestinal des participants, les quantités de certaines bactéries anaérobies strictes (telles que Bifidobacterium, Bacteroides, Lactobacillus, Clostridioides difficile) et anaérobies facultatives (telles que Staphylococcus aureus, Enterococcus, Escherichia coli).La présence d’allergies (eczéma, asthme, rhinoconjonctivite allergique et allergie alimentaire) a été déterminée à deux reprises, aux âges de 3 et 8 ans.
Les résultats mettent en évidence plusieurs différences significatives entre la composition des microbiotes des enfants grandissant dans des fermes et celle des témoins. En prenant en compte les différents facteurs de confusion, tels que le degré d’allaitement maternel ou la possession d’un animal de compagnie, les auteurs mettent en avant, chez les enfants vivant dans une ferme :
- un ratio anaérobies strictes / anaérobies facultatives plus élevé durant la première semaine de vie ;
- une population d’Escherichia coli diminuée pendant les 4 premiers mois ;
- ainsi qu’une colonisation réduite par Clostridioides difficileà l’âge de 12 mois.
Ces résultats témoignent d’un microbiote anaérobie plus mature chez les enfants vivant dans des fermes.
Les enfants vivant avec des animaux domestiques présentent également des spécificités en termes de microbiote intestinal, en particulier une colonisation précoce par Bifidobacterium, Bacteroides et Lactobacillusdans les premiers mois de vie.
Enfin, les résultats montrent que les enfants présentant un ratio anaérobies strictes / anaérobies facultatives plus élevé après une semaine de vie, une colonisation précoce par Bifidobacterium, Lactobacillus et Bacteroides, ainsi qu’une colonisation réduite par Clostridioides difficile entre 4 et 12 mois sont beaucoup moins propices aux allergies à l’âge de 8 ans. A 3 ans, des associations similaires, mais moins fortes ont été révélées.
Pour conclure, cette étude montre que le lien bien établi entre le fait de grandir dans une ferme ou avec des animaux domestiques et la réduction du risque allergique pourrait en partie être expliqué par le développement précoce de certaines bactéries anaérobies dans le microbiote intestinal.
LJUNG, A. GIO-BATTA, M. HESSELMAR, B. « et col. » Gut microbiota markers in early childhood are linked to farm living, pets in household and allergy. Plos One, 2024, 19, 11, e0313078 (doi: 10.1371/journal.pone.0313078).