Les sociétés savantes ESPEN et EASO s’associent pour publier un consensus international sur la définition et sur les critères de diagnostic de l’obésité sarcopénique.
Le concept d’obésité sarcopénique a été introduit il y a quelques années pour décrire, chez la personne âgée, la concomitance d’un excès de masse grasse et d’une réduction de la masse et/ou de la fonction musculaires. Il n’existe cependant pas de consensus international sur la définition et sur les critères de diagnostic de l’obésité sarcopénique, ce qui complexifie l’identification des patients, l’évaluation de sa prévalence, de son impact sur la santé ou encore des conséquences de la maladie en termes de coûts. L’ESPEN (European Society for Clinical Nutrition and Metabolism) et l’EASO (European Association for the Study of Obesity) publient une déclaration consensuelle sur la définition et les critères de diagnostic de l’obésité sarcopénique.
La définition retenue par les experts est la suivante : l’obésité sarcopénique est définie comme la coexistence de l’obésité, caractérisée par un excès de masse grasse, ET de la sarcopénie, caractérisée par une faible masse musculaire et une fonction musculaire diminuée.
Les experts proposent une procédure d’identification de l’obésité sarcopénique en 3 phases :
1. Le dépistage. Il est basé sur la présence concomitante :
- d’un Indice de Masse Corporelle (IMC) ou d’un tour de taille élevé (les seuils à utiliser sont ceux de l’OMS pour l’IMC et des seuils spécifiques selon l’origine ethnique pour le tour de taille) ;
- d’une suspicion de sarcopénie, en raison de symptômes cliniques spécifiques ou de réponses à des questionnaires validés tels que le SARC-F chez les sujets âgés.
2. Le diagnostic. Il doit être réalisé en deux étapes, uniquement si les deux conditions définies à l’étape de dépistage sont présentes
- Tout d’abord une évaluation de la fonction musculaire squelettique (étape 1). La force musculaire doit être évaluée, par exemple, au moyen de la mesure de la force de préhension ou du test de la chaise. Si le résultat suggère la présence d’une obésité sarcopénique, les experts proposent de passer à la 2e étape.
- La mesure de la composition corporelle (étape 2) évaluée par le pourcentage de masse grasse et par la mesure de la masse maigre appendiculaire par absorptiométrie biphotonique (DXA) ou la mesure de la masse musculaire squelettique totale par impédance bioélectrique (BIA).
En cas d’altération de la composition corporelle ET des paramètres évaluant la fonction musculaire squelettique, il y a bien présence d’une obésité sarcopénique ; il faut alors en définir son stade de gravité.
3. La définition du stade de gravité de l’obésité sarcopénique.
- Stade 1 : pas de présence de complications attribuables à l’altération de la composition corporelle et de la fonction musculaire squelettique.
- Stade 2 : présence d’au moins une complication attribuable à l’altération de la composition corporelle et de la fonction musculaire squelettique (telle que des troubles métaboliques, des troubles cardiovasculaires et respiratoires ou encore des handicaps résultants de la masse grasse élevée et/ou de la masse maigre diminuée).
En conclusion, l’ESPEN et l’EASO proposent que cette définition de l’obésité sarcopénique et de ses critères de diagnostic soit utilisée en pratique clinique ainsi que dans le cadre des essais contrôlés randomisés examinant l’impact d’interventions spécifiques sur l’obésité sarcopénique.
DONINI, LM. BUSETTO, L. BISCHOFF, SC. « et col. » Definition and diagnostic criteria for sarcopenic obesity: ESPEN and EASO consensus statement. Obesity Facts, 2022, doi: 10.1159/000521241.