La consommation de produits laitiers est associée à une diminution de risque de développer une MICI alors que la hausse de la consommation de viande augmente ce risque.
Pour mieux comprendre les liens entre l’alimentation et le risque de développer une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), une revue de littérature et méta-analyse examine, dans la population générale, les associations entre la consommation de protéines de différentes sources alimentaires et le fait d’être atteint d’une MICI. Au total, 11 études de cohorte prospectives ont été incluses dans l’analyse, ce qui représente une population de plus de 4,3 millions d’adultes parmi lesquels 8 067 sont atteints d’une MICI.
Les résultats mettent tout d’abord en évidence le fait que les personnes qui consomment le plus de produits laitiers présentent un risque diminué de développer une MICI, comparativement aux participants les moins consommateurs (Risque Relatif RR = 0,81 ; IC95% = [0,72 ; 0,90]). Ce même bénéfice est observé lorsqu’on considère uniquement le risque de maladie de Crohn (RR = 0,69 ; IC95% = [0,56 ; 0,86]) ou le risque de colite ulcéreuse (RR = 0,84 ; IC95% = [0,75 ; 0,94]). Cet effet protecteur des produits laitiers pourrait être lié à leurs propriétés anti-inflammatoires, soit par le biais de la vitamine D, soit grâce aux capacités des produits laitiers à enrichir le contenu du microbiote intestinal.
L’analyse de l’effet de dose réalisée par les auteurs met en lumière une augmentation du risque de MICI associée à la consommation de viande. En effet, pour chaque hausse de 100 g/jour de la consommation de viande (toutes viandes confondues), le risque de développer une MICI augmente de 38 % (RR = 1,38 ; IC95% = [1,13 ; 1,68]). Plusieurs hypothèses sont proposées pour expliquer cette relation. Elle pourrait être liée :
- aux composés qui se forment dans la viande lors de sa transformation ou de sa cuisson à haute température, tels que les N-nitrosamines ou les amines hétérocycliques ;
- à la teneur élevée en fer ou en acides gras saturés de la viande ;
- ou enfin, au fait que la consommation de viande pourrait influencer négativement la composition du microbiote.
A noter qu’aucune autre relation significative n’a été démontrée par la méta-analyse entre le risque de MICI et la consommation de protéines totales, de protéines d’origine animale toutes combinées, de poisson ou d’œuf.
En conclusion, parmi les aliments riches en protéines, seuls les produits laitiers et les viandes ont un lien avec le risque d’apparition de MICI : si la consommation de produits laitiers semble être protectrice vis-à-vis de ce risque, celle de viande l’augmente significativement.
TALEBI, S. ZERAATTALAB-MOTLAGH, S. RAHIMLOU, M. « et col. » The association between total protein, animal protein, and animal protein sources with risk of inflammatory bowel diseases: a systematic review and meta-analysis of cohort studies. Advances in Nutrition, 2023, doi: 10.1016/j.advnut.2023.05.008.