Recommander isolément de consommer plus de fruits et légumes n’aurait pas d’effet sur la corpulence. Pour les programmes de santé publique, cela impliquerait d’avoir pour objectif que chaque repère nutritionnel ou d’activité physique atteigne la même notoriété. Dans un rapport publié en 2013, l’OMS recommande la consommation d’au minimum 400g de fruits et légumes par jour afin de prévenir les maladies chroniques, notamment l’obésité, et affirme que des preuves convaincantes existent selon lesquelles les fruits et légumes diminuent le risque d’obésité. Les recommandations alimentaires américaines de 2010 encouragent également à consommer des fruits et légumes à cette fin.
Les auteurs de cette méta-analyse ont voulu vérifier si le lien causal, qu’établissent l’OMS et les recommandations nutritionnelles pour les américains entre fruits et légumes et poids, est bien confirmé par la littérature scientifique.
Ils ont appliqué des critères de sélection exigeants et la méta-analyse n’inclut que 7 études d’intervention au total. Chacune des 7 études porte sur 15 personnes ou plus dans les groupes d’intervention et sur une période de 8 semaines ou plus. Dans certaines, les fruits et légumes étaient fournis aux participants, dans d’autres les participants recevaient des conseils et étaient incités à en consommer plus.
La méta-analyse conclut à l’absence d’un effet significatif de la consommation de fruits et légumes sur le poids. Cela ne remet pas en cause la nécessité de recommander les fruits et légumes pour leur teneur en micronutriments et en fibres. Mais, cela impliquerait qu’agir sur la consommation en fruits et légumes seule ne suffise pas à enclencher une perte de poids (contrairement à ce qui est souvent supposé a priori, et porté au bénéfice de l’effet satiétogène des fibres).
En France, la recommandation du PNNS de consommer 5 portions et fruits et légumes par jour étant la mieux connue de la population, on aurait donc tout intérêt à faire gagner en notoriété les autres repères, notamment ceux sur l’activité physique, les produits laitiers ou les produits sucrés.
Kaiser K. A., Brown A. W., Bohan Brown M. et col (2014) Increased fruit and vegetable intake has no discernible effect on weight loss : a systematic review and meta-analysis, American Journal of Clinical Nutrition; doi:10.395/ajcn.114.090548