Les végétariens mais surtout végétaliens sont plus souvent en déficit en calcium, vitamine D, vitamine B12, protéines et oméga 3 que les non végétariens. Or ces nutriments sont essentiels pour le maintien de la densité minérale osseuse et pour la prévention de la fracture. Cette revue de la littérature incite à la prudence vis-à-vis de l’adoption d’un régime végétalien.
Selon une étude citée par l’auteure, les végétariens auraient une densité minérale osseuse (DMO) plus faible de 4% et les végétaliens de 6%, au niveau du col du fémur et du rachis lombaire par rapport aux non végétariens. Il y aurait alors une augmentation du risque d’ostéoporose et de fracture chez le végétarien et en particulier chez le végétalien. L’auteure traite le sujet en passant en revue les nutriments : L’apport en calcium des végétaliens est une réelle source de préoccupation. Le calcium est présent dans les végétaux mais moins biodisponible que dans le lait et les produits laitiers. Par ailleurs, le lait et les produits laitiers, qui sont consommés par les ovo-lacto-végétariens, sont des sources de calcium globalement plus efficaces que les suppléments.
La déficience en vitamine D est fréquente dans la population générale, et les végétariens sont plus à risque que la moyenne. Les ovo-lacto-végétariens peuvent consommer du lait enrichi ou des œufs qui constituent des sources intéressantes de vitamine D3. Les végétaliens quant à eux ne disposent pas de telles sources alimentaires de vitamine D. Dans tous les cas, l’exposition au soleil une dizaine de minutes par jour est recommandée (la vitamine D3 est synthétisée de façon endogène sous l’action des rayons UV), ainsi que le recours à des suppléments dans les zones peu ensoleillées ou en hiver. La vitamine B12 est présente uniquement dans les produits d’origine animale et il est bien connu que sa carence est fréquente chez les végétaliens. Or, la vitamine B12 jouerait elle aussi un rôle dans la protection osseuse, tels que le montrent certaines études. Certains aliments acceptés par ces populations, tels que les céréales, peuvent être enrichis en B12 et donc recommandés. Le taux de B12 doit être surveillé périodiquement, ainsi que l’acide méthylmalonique sérique, un indicateur fonctionnel de son statut, si le taux de B12 est inférieure à 258pmol/L. Les apports en protéines et en zinc, qui sont important pour la santé osseuse, peuvent aussi être source de préoccupation dans les régimes végétariens mal conduits.
Certains résultats montrent un rôle positif des acides gras ?3 dans la prévention des fractures de la hanche. Toutefois, plus de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre leurs effets sur l’os. Ceux-ci seraient liés à l’effet anti-inflammatoire de l’EPA et du DHA, médié notamment par des résolvines. Or, le régime végétarien a tendance à être riche en acide gras ?6 mais faible en EPA et DHA suite à l’exclusion du poisson notamment. Par ailleurs, un régime végétarien de bonne qualité, ayant des apports élevés en certains nutriments, a aussi des propriétés bénéfiques. En effet, le magnésium intervient dans la solidité de l’os et régule le transport actif du calcium au niveau de la paroi intestinale. Le potassium favorise la rétention rénale de calcium et neutralise la charge acide alimentaire (laquelle n’aurait toutefois pas d’impact sur la DMO et le risque de fracture). Certains phytonutriments possèdent des propriétéss antioxydantes et anti-inflammatoires.
Ainsi, de plus en plus d’études tendent à montrer que le régime ovo-lacto-végétariens peut être facilement équilibré à condition d’un peu de vigilance et de connaissances, tandis que le régime végétalien est à risque.
Katherine L Tucker (2015), Vegetarian diets and bone status, The American Journal of Clinical Nutrition ; 100(suppl): 329S-335S.