Dans cette étude qui simulait la préparation d’une compétition, les judokas qui buvaient du lait chocolaté après l’entraînement ont vu leurs performances progresser nettement plus que ceux qui se contentaient de boire de l’eau sans que leur poids n’en soit affecté. Les indicateurs de fatigue étaient aussi plus favorables. Les judokas doivent respecter la catégorie de poids dans laquelle ils concourent, pour se faire ils surveillent étroitement leur poids à l’approche des compétitions. Pour autant, afin de maximiser leurs chances de victoire, les régimes auxquels ils recourent ne doivent pas nuire à leurs qualités athlétiques en même temps qu’ils leur font perdre du poids. Dans la présente étude, les chercheurs conduisent un essai d’intervention sur 12 jeunes judokas (19 ans +/- 4 ans) habitués à participer à des compétitions pour évaluer l’intérêt du lait chocolaté comme boisson de récupération tout en vérifiant si sa consommation après chaque entraînement n’a pas de répercussion pondérale. Chacun des judokas a été soumis à deux périodes d’entraînement intense de 5 jours, constituées d’une séance quotidienne de 2h00 à 2h30 de judo (échauffement, techniques, randori, etc.). Le 6ème jour ils participaient à une compétition simulée. Dans la première période, qui servait de référence, les athlètes devaient boire 1 L d’eau à l’issue de chaque entraînement. Dans la seconde période, l’eau était remplacée par 1 L de lait chocolaté. Ils devaient commencer à boire au plus tard dans les 10 minutes suivant l’arrêt de l’effort et avoir terminé dans l’heure.
En début, au cours et à la fin de chaque phase, des tests de performance, des mesures anthropométriques ainsi qu’une évaluation ou un dosage de différents indicateurs pouvant être liés à la fatigue induite par l’effort (courbatures, cortisol et IgA salivaires notamment) ont été réalisés. Cela a permis d’évaluer et de comparer l’évolution des performances de chaque sportif selon qu’il boive de l’eau ou du lait chocolaté.
Comparaison des progressions « eau » vs. « lait chocolaté » (jour 5 comparé au jour 1, moyennes):
Paramètre suivi | Phase « Eau » | Phase « Lait chocolaté » |
Poids | -1,9%* | -1,1%* |
Pompes max. réalisées en 30 secondes | +2,2% | +14,6% |
Performance à un test de condition physique spécifique judo | +3,5% | +6,8% |
Courbatures | x3 | x1,6 |
Troubles de l’humeur | En augmentation | Stables |
* comparaison entre le jour 6 (compétition simulée) et le jour 1, la différence entre le traitement « eau » et le traitement « lait chocolaté » est non significative (p=0,08).
La masse corporelle a légèrement diminué dans la phase « eau » et dans la phase « lait chocolaté » (respectivement -1,9% vs. -1,1% au bout de 6 jours), sans différence significative entre les deux. La concentration de testostérone salivaire n’a pas montré de différence entre les deux phases, tandis que la concentration de cortisol salivaire était inférieure lors de la phase « lait chocolaté ». De sorte que le ratio testostérone/cortisol salivaire avait tendance à être supérieur dans la phase « lait chocolaté » – ce qui est positif (mais la différence n’était pas significative). Enfin, le taux d’IgA salivaires augmentait de façon similaire dans les deux conditions, « eau » ou « lait chocolaté ».
Les auteurs en concluent que le lait chocolaté peut être proposé à des judokas comme boisson de récupération. Sa consommation régulière après l’entraînement apporte un bénéfice sur plusieurs aspects de la récupération sans impact sur le poids. A cela, on peut ajouter que, en comparaison des produits protéinés généralement proposés au sportif de compétition, le lait a l’avantage de ne pas présenter de risque de contamination par des produits dopants, d’être commode sous tous les aspects (transport, prix, conservation) et de ne pas être associé à une profusion de messages marketing exagérés, voire trompeurs.
Papacosta E, Nassis G P, Gleeson M, Effects of acute postexercise chocolate milk consumption during intensive judo training on the recovery of salivary hormones, salivary SIgA, mood state, muscle soreness, and judo-related performance, Appl. Physiol. Nutr.Metab., 2015, 40, dx.doi.org/10.1139/apnm-2015-0243