Il vaut sans doute mieux respecter les cultures et les habitudes alimentaires locales ou régionales plutôt que d’essayer de « coller » au régime dit méditerranéen.
Le régime méditerranéen (RM) est à la mode et paré de toutes les vertus. Mais qu’entend-on par RM ?
Classiquement il s’agit du régime crétois décrit par Ancel Keys il y a plus de 50 ans. Il y a 2 ans, une méta-analyse de 12 études publiée dans le BMJ concluait qu’adhérer à un RM (selon un score reflétant la consommation de certains aliments) se traduisait par un meilleur état de santé. Pourtant sur ces 12 études, 4 seulement portaient sur des populations méditerranéennes ! En épidémiologie les régimes dits méditerranéens ne reposent en fait pas particulièrement sur des aliments méditerranéens, ce qui ne les empêche pas d’être bons pour la santé.
Quelques exemples : l’huile d’olive est sans doute l’ingrédient le plus typique du RM. C’est une bonne source d’acides gras mono-insaturés mais ce n’est pas la seule. L’huile de colza consommée dans d’autres pays l’est aussi, et elle a meilleur profil n-6/n-3. Pour les légumes, il n’est pas indispensable de se procurer le célèbre pourpier crétois. Les tomates, concombres, carottes et choux consommés en Suède font aussi l’affaire. Quant aux poissons, valorisés dans le RM, surtout ceux riches en n-3, il s’agit plus souvent de saumon ou de hareng, plus communs dans l’Atlantique nord que dans la Méditerranée.
Pour les auteurs de cet article, le terme « régime méditerranéen » est aujourd’hui inadéquat. C’est le principe qui est à retenir : recours aux produits locaux et aux aliments de base, variété alimentaire, respect de la culture et des rythmes alimentaires. Plutôt que de courir après des aliments spécifiquement méditerranéens, mieux vaut promouvoir les alimentations traditionnelles et régionales à travers le monde, qui seront aussi plus à même d’être suivies par les populations.
Bere E and Brug J., Is the term “Mediterranean diet “ a misnomer ?, Public Health Nutr. 2010 Dec; 13(12):2127-9.