Les aliments d’origine animale sont un groupe diversifié d’aliments qui ont des propriétés nutritionnelles uniques. Ils contribuent de manière importante à une alimentation saine dans le cas d’une consommation raisonnée et satisfaisante selon le contexte (âge de la vie, insécurité alimentaire, etc.). Sur le plan environnemental, l’élevage pratiqué en cohérence avec le contexte local peut présenter des bénéfices comme par exemple pour la biodiversité.
Les points de vue concernant le rôle joué par les aliments d’origine animale, tant sur la santé humaine que sur les aspects environnementaux, sont le plus souvent très polarisés. Une revue de littérature menée en collaboration avec la FAO tente d’apporter de la clarté et de la nuance dans ce débat en faisant le point sur les bénéfices et les risques liés à la production et à la consommation des aliments d’origine animale sur ces deux aspects : santé et environnement. Les aliments d’origine animale considérés dans cet article sont toutes les viandes, les poissons et fruits de mer, les œufs et les produits laitiers.
Concernant les aspects liés à la santé, les auteurs insistent tout d’abord sur la qualité nutritionnelle des aliments d’origine animale. Même s’ils ne représentent pas un groupe homogène d’aliments, c’est parmi les produits d’origine animale que l’on trouve les aliments les plus riches en certains nutriments indispensables à l’homme. Les auteurs citent en particulier les vitamines B12, A ou D, la choline, le fer, le zinc, le calcium, l’acide docosahexaénoïque (DHA) et l’acide eicosapentaénoïque (EPA). La biodisponibilité de ces nutriments est aussi souvent plus favorable au sein des produits animaux que des aliments végétaux (cf. figure 1). Les auteurs mettent aussi en avant la densité plus importante en acides aminés essentiels dans les produits d’origine animale, ainsi que la présence de composés bioactifs spécifiques tels que la taurine, la créatine, la carnosine ou encore d’autres peptides bioactifs. Ces composés jouent des rôles clés dans les voies anti-inflammatoires, dans les voies immunitaires, dans les mécanismes liés à la mémoire et la cognition ou encore dans la santé cardiovasculaire.
Malgré ces propriétés nutritionnelles bénéfiques des aliments d’origine animale, la consommation excessive de viande transformée, de viande rouge et d’acides gras saturés peut augmenter le risque de développement de maladies chroniques. Les auteurs mettent cependant en lumière le fait que le type d’acides gras saturés et la source alimentaire de laquelle ils sont issus peuvent moduler grandement ces effets : une ingestion modérée d’acides gras saturés issus de matrices alimentaires complexes telles que les yaourts, les œufs ou la viande non transformée, au sein d’une alimentation équilibrée, n’est par exemple pas associée à un risque augmenté de maladies chroniques.
D’un point de vue environnemental, si la production d’aliments d’origine animale a le plus souvent un impact défavorable fort, il apparaît également que la production à une échelle appropriée et en harmonie avec le contexte et l’écosystème local est possible et que, dans certaines conditions, l’élevage peut jouer un rôle environnemental bénéfique. Les auteurs citent en particulier le fait que l’élevage peut participer à atténuer les émissions de gaz à effet de serre grâce à une meilleure gestion des pâturages, ou encore à restaurer la biodiversité. Par exemple, en Europe, les prairies font partie des écosystèmes les plus riches d’un point de vue de la biodiversité grâce à l’élevage qui s’y pratique depuis de nombreuses années.
Pour conclure, cette revue de littérature met en évidence le fait qu’il n’existe pas une réponse universelle concernant la quantité de produits d’origine animale à consommer. Les populations qui consomment les plus grandes quantités de viande, en particulier de viandes transformées, auraient le plus souvent des bénéfices à réduire leur consommation, tant sur le plan de la santé que sur celui de l’environnement. Au contraire, les populations peu consommatrices de produits animaux et à risque de malnutrition présentent des intérêts à augmenter cette consommation pour améliorer la sécurité alimentaire. Au niveau individuel, l’apport optimal en aliments d’origine animale va être fonction du contexte de chacun et va évoluer tout au long de la vie et de ses différentes étapes : la croissance, la grossesse, l’allaitement ou encore le grand âge.
BEAL, TY. GARDNER, CD. HERRERO, M. « et col. » Friend or foe? The role of animal-source foods in healthy and environmentally sustainable diets. The Journal of Nutrition, 2023, doi: 10.1016/j.tjnut.2022.10.016.