L’hypothèse selon laquelle la charge acide de l’alimentation serait associée à un risque d’ostéoporose ou de fracture plus élevé chez le sujet âgé n’est pas vérifiée par cette étude suédoise, et ce quel que soit le statut de la fonction rénale du sujet. Les auteurs de cette étude ont voulu vérifier si le déclin de la fonction rénale chez la personne âgée, qui réduit la capacité des reins à excréter un excès d’ions acides, favorisait l’ostéoporose.
En effet, selon une hypothèse, un régime dit « acidifiant» riche en protéines (viandes, poissons, fromages, céréales ou légumineuses) serait responsable d’une déminéralisation, via les mécanismes de maintien de l’homéostasie acido-basique. Les protéines, parce qu’elles contribuent à la production endogène d’ions acides, entraîneraient la mobilisation des réserves alcalines osseuses pour « tamponner » cette acidité.
Les chercheurs ont estimé la charge acide du régime alimentaire de 861 personnes âgées (hommes et femmes), mesuré leur fonction rénale et surveillé la survenue de fractures ostéoporotiques. Les participants étaient issus d’une cohorte suédoise et avaient rempli des carnets alimentaires sur 7 jours entre 2001 et 2004.
Les indicateurs utilisés étaient la production nette d’acide endogène (NEAP) et la charge acide rénale potentielle (PRAL). La fonction rénale était évaluée par la mesure du débit de filtration glomérulaire (le volume de liquide filtré par le rein par minute). La densité minérale osseuse était évaluée par une DEXA au niveau du corps entier, des lombaires, du col du fémur et de la hanche. Les fractures (131 au total) ont été répertoriées pendant toute la période de suivi (9,2 ans en moyenne).
L’analyse ne montrait aucune association significative entre la charge acide de l’alimentation et la densité minérale osseuse, le risque d’ostéoporose ou de fracture. La prise en compte de l’état de la fonction rénale ne modifiait pas les résultats.
Pour les auteurs, s’il y a un effet réel de la charge acide sur l’os, il est compensé par l’effet osseux positif des protéines ou du calcium.
En conclusion, de plus en plus d’études, dont celle-ci réfutent l’hypothèse acide/base. Pour les spécialistes, la prévention de l’ostéoporose passe en priorité par une consommation adéquate de calcium et de protéines, des apports suffisants en vitamine D sur toute l’année et une activité physique régulière.
T. Jia, L. Byberg, B. Lindholm et col. (2014) Dietary acid load, kidney function, osteoporosis, and risk of fractures in elderly men and women, Osteoporos Int. ; DOI 10.1007/s00198-014-2888-x