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Le point sur l’introduction précoce des protéines de lait de vache et le risque d’APLV

Brèves scientifiques
Publié le 21/04/2025
Publié le 21/04/2025
Temps de lecture : 3 minutes
CreditPhoto: Iurii

En cas de souhait d’allaitement maternel, si l’introduction précoce des protéines de lait de vache (PLV) n’a pas à être recommandée pour prévenir le risque d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV), il n’existe pas non plus d’arguments pour retarder leur consommation par rapport au calendrier habituel de diversification alimentaire.

L’allaitement maternel représente la solution idéale pour l’alimentation du nourrisson dans les premiers mois de vie. En France, selon l’étude Epifane, un peu plus de ¾ des mères initient un allaitement maternel (59 % d’allaitement maternel exclusif et 18 % d’allaitement mixte), le dernier quart ne proposant que des préparations pour nourrisson. Le taux d’allaitement maternel exclusif diminue ensuite progressivement, atteignant 26 % à 2 mois et 14 % à 6 mois.

La place de l’allaitement maternel comme moyen de prévention des allergies alimentaires est centrale dans l’ensemble des recommandations, cependant, il n’apparaît pas à lui seul suffisant. Si la plupart des recommandations proposent l’introduction précoce de l’arachide ou de l’œuf dès l’âge de 4 à 6 mois, l’impact de l’introduction des protéines de lait de vache sur la prévalence de l’APLV reste un sujet de débat. Une revue de littérature fait le point sur cette question.

Au vu des données disponibles, les auteurs soulignent le fait que le caractère préventif de l’introduction précoce des protéines de lait de vache sur l’APLV ne repose que sur un faible niveau de preuve. Ainsi, il n’y a pas assez d’arguments à ce jour pour proposer l’introduction précoce des PLV en cas de souhait d’allaitement maternel. En pratique, en l’absence d’exposition aux PLV à la maternité et en cas de souhait d’allaitement maternel exclusif pour l’alimentation liquide, il convient donc de respecter le choix maternel tout en recommandant une introduction des PLV entre 3 et 6 mois, c’est-à-dire au moment de la diversification alimentaire (beurre, yaourt, crème et fromage).

Les auteurs insistent néanmoins sur deux points :

  1. il n’existe pas d’arguments pour retarder la consommation de PLV (notamment sous forme de dérivés laitiers s’il existe un souhait de poursuite de l’allaitement maternel) par rapport au calendrier habituel de diversification alimentaire préconisé pour l’ensemble des aliments ;
  2. si une supplémentation par une préparation infantile à base de PLV est débutée, celle-ci doit être a minima poursuivie de façon régulière pour ne pas entraîner de rupture de tolérance. Il n’existe cependant pas de recommandations issues de données robustes sur le volume et la fréquence de cette consommation.

Pour conclure, les auteurs mettent en lumière l’importance de respecter le choix maternel.

  • En l’absence d’allaitement maternel, il est recommandé d’introduire une préparation infantile à base de PLV dès les premiers jours de vie, quel que soit le risque atopique.
  • En cas de souhait d’allaitement maternel exclusif, il est par contre impératif d’éviter les compléments à base de PLV. Cette complémentation doit être limitée aux seules indications médicales (perte de poids > 10 %, hypoglycémie, signes de déshydratation) avec l’utilisation d’une préparation infantile sans PLV (hydrolysat poussé de PLV, hydrolysat de protéines de riz ou mélange d’acides aminés ou). Si les compléments à base de PLV n’ont pas pu être évités, il faudra favoriser leur consommation régulière au moment de la diversification alimentaire.

AMAT, F. & DIVARET-CHAUVEAU, A. Alimentation lactée des premiers mois de vie et risque d’allergie aux protéines de lait de vache : quelles preuves en 2024 ? Revue française d’allergologie, 2025, 65, 104197, doi: 10.1016/j.reval.2024.104197.