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Le point sur la diversification alimentaire menée par l’enfant (DME)

Brèves scientifiques
Publié le 07/10/2024
Publié le 07/10/2024
Temps de lecture : 5 minutes
Credit : juan

Les données scientifiques actuellement disponibles ne permettent pas de conclure à un bénéfice de la diversification alimentaire menée par l’enfant, comparativement à une diversification classique qui suit les recommandations françaises.

La diversification alimentaire est une période clé de développements de la mastication et de l’acceptabilité des aliments solides. Exposer les enfants à une alimentation variée en texture est une étape indispensable pour le développement d’un comportement alimentaire adapté. Alors que la conduite classique de diversification consiste à introduire, à partir de 4 mois et pas après 6 mois révolus, des fruits, légumes ou céréales en purées ou en bouillies, la diversification menée par l’enfant (DME) est une pratique alternative qui consiste, dès 6 mois, à introduire directement des aliments sous forme native, non mixée. Une revue de littérature française examine les données scientifiques associées à cette pratique et sa place dans les recommandations.

Les auteurs rappellent tout d’abord les grands principes de la DME : il s’agit de proposer à l’enfant la même alimentation que celle de la famille, en morceaux de taille appropriée à ses capacités de préhension. L’enfant se nourrit seul et décide de ce qu’il mange et à quel rythme. Dans une enquête française menée en 2021 et 2022 auprès de plus de 1000 parents, 26 % déclaraient pratiquer la DME, mais seulement 7 % avaient des pratiques réellement en accord avec cette méthode.

Si certains auteurs suggèrent des avantages à cette méthode (meilleur contrôle de la prise énergétique, alimentation de meilleure qualité ou encore capacités oro-motrices plus développées), d’autres signalent certains désavantages. Ces derniers soulèvent en particulier des interrogations sur les compétences orales des enfants à cet âge, sur le risque augmenté d’étouffement et sur la capacité des enfants à consommer suffisamment de calories. Un risque de carence en fer (généralement apporté par les céréales infantiles et la viande) a également été suggéré. Dans une revue de littérature datant de 2022, la Société Française de Pédiatrie conclut que les données actuelles publiées sur la DME ne permettent pas de privilégier cette pratique par rapport à une diversification suivant les recommandations actuelles.

Pour conclure, les auteurs, rappellent que ces recommandations préconisent de débuter la diversification après l’âge de 4 mois révolus et avant l’âge de 6 mois révolus en proposant des aliments en purée, puis d’introduire de nouvelles textures environ 2 mois après le début de la diversification, en passant progressivement des purées ou compotes lisses aux aliments écrasés, puis aux petits morceaux mous puis à croquer. Ils insistent sur l’importance d’exposer les enfants, entre 6 et 8 mois, à une variété d’aliments non mixés, dans un cadre sécurisé et adapté à leur niveau de développement moteur.

TOURNIER, C. & NICKLAUS, S. Introduction des aliments de différentes textures lors de la diversification alimentaire : enjeux, connaissances et recommandations françaises. Cahiers de nutrition et de diététique, 2024, 59, p. 82-91 (doi: 10.1016/j.cnd.2023.12.007).