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Le lactose, un sucre à part : ses bénéfices pour la santé

Brèves scientifiques
Publié le 10/06/2024
Publié le 10/06/2024
Temps de lecture : 6 minutes
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Au-delà de ses potentiels effets digestifs négatifs chez les personnes intolérantes, le lactose présente de nombreux bénéfices pour la santé humaine. Il s’agit d’un sucre « à part » qui a d’ailleurs été exclu des recommandations visant à limiter quotidiennement sa consommation de sucre, tant au niveau français qu’européen.

Le lactose est majoritairement étudié dans la littérature scientifique pour ses effets négatifs liés à la digestion. Une revue de littérature récente fait le point sur les effets du lactose sur la santé humaine en mettant aussi en évidence ses nombreux bénéfices.

Les autrices font tout d’abord un rappel des différents phénotypes de digestion du lactose (cf. figure 1). Elles insistent en particulier sur la différence entre la malabsorption et l’intolérance au lactose :

  • la malabsorption se caractérise par une absence ou un faible taux de lactase au niveau de l’intestin (non-persistance de la lactase, phénotype NPL ou LNP en Anglais) ;
  • on parle d’intolérance au lactose uniquement quand cette malabsorption entraîne des symptômes cliniques.

Au-delà de ces possibles effets négatifs chez certaines personnes, la consommation de lactose présente de nombreux bénéfices pour la santé humaine. Les autrices mettent en effet en avant le fait que, même si le lactose a une structure chimique proche de n’importe quel autre disaccharide, il n’induit pas les mêmes effets physiologiques. Elles insistent en particulier sur trois avantages du lactose :

  1. le lactose présente un index glycémique bas (IG = 46), ce qui pourrait lui conférer un avantage métabolique, comparativement au saccharose (IG = 65) ou au glucose (IG = 103) ;
  2. le lactose possède un faible pouvoir sucrant (entre 16 et 40 %). Sa consommation n’exerce pas d’effet de récompense, ce qui pourrait réduire l’accoutumance au goût sucré comparativement au saccharose (pouvoir sucrant = 100 %), au fructose (pouvoir sucrant = 110 – 120 %) et au glucose (pouvoir sucrant = 70 – 80 %) ;
  3. le lactose est aussi considéré comme le sucre le moins cariogène. En effet, les caries sont induites par la détérioration de l’émail des dents, consécutive à la production d’acide par les bactéries buccales ; or, la métabolisation du lactose par les bactéries buccales engendre une moindre baisse de pH comparativement au glucose et aux autres sucres.

Autre potentiel effet positif du lactose : son rôle prébiotique. Les autrices expliquent que le lactose qui n’est pas digéré dans l’intestin grêle pourrait être fermenté par les bactéries du microbiote intestinal et le moduler ainsi de façon bénéfique. Plus spécifiquement, le lactose aurait une action bifidogène, c’est-à-dire qu’il entraîne une hausse de l’abondance du genre Bifidobacterium chez l’adulte comme chez le nourrisson.

Etant donné ses nombreux bénéfices sur la santé, le lactose peut donc être considéré comme un sucre à part des autres sucres. C’est pourquoi les recommandations mondiales, européennes et françaises préconisent d’exclure le lactose des recommandations visant à limiter son apport quotidien de sucre. En France par exemple, les autorités préconisent de consommer « moins de 100 g/jour de sucres, hors lactose et galactose ».

Pour conclure, cette revue de littérature souligne le fait qu’il est malheureusement difficile de suivre cette recommandation par manque d’information sur les étiquetages alimentaires. En effet, d’un point de vue de la règlementation de l’étiquetage, le lactose est considéré comme un sucre et n’a pas de ligne dédiée sur l’emballage, malgré ses impacts différents sur la santé.

GUERVILLE, M. & LIGNEUL, A. Le lactose, un sucre pas comme les autres. Cahiers de nutrition et de diététique, 2024, 59,p. 102-112 (doi: 10.1016/j.cnd.2023.12.004).