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Le Child Eating Behaviour Questionnaire : un outil pour caractériser le comportement alimentaire du jeune enfant

Brèves scientifiques
Publié le 02/09/2024
Publié le 02/09/2024
Temps de lecture : 5 minutes
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L’utilisation du Child Eating Behaviour Questionnaire auprès des parents d’enfants en PMI permet d’identifier les caractéristiques comportementales des enfants les plus à risque d’obésité.

Dans les sociétés occidentales, l’identification des comportements alimentaires à risque chez le jeune enfant est primordiale dans un objectif de prévention du surpoids et de l’obésité. Une étude transversale française, réalisée dans plusieurs centres de protection maternelle et infantile (PMI) de la région parisienne utilise un questionnaire spécifique, le Child Eating Behaviour Questionnaire (CEBQ), dans l’objectif de faire le lien entre différentes caractéristiques comportementales de l’enfant et le risque d’obésité. Au total, 500 enfants âgés de 1 à 6 ans ont été inclus dans l’étude, dont 10, 6 % présentent une situation d’obésité. A noter que plus de 98 % de ces enfants en situation d’obésité vivent dans des foyers fortement précaires.

Les auteurs décrivent tout d’abord le CEBQ : il s’agit d’un questionnaire psychométrique adressé aux parents et composé de 18 questions mesurant différentes dimensions du comportement de l’enfant en lien avec l’appétit :

  • la sensibilité à la satiété qui correspond à la capacité de l’enfant à réguler sa prise alimentaire en fonction de ce qu’il a mangé auparavant ;
  • l’échelle de lenteur dans l’ingestion d’aliments mesure la tendance à manger plus ou moins vite et à ralentir plus ou moins la vitesse d’ingestion en fin de repas ;
  • l’externalité alimentaire fait référence à la sensibilité de l’enfant aux stimuli alimentaires ;
  • l’intérêt pour la nourriture et le niveau d’appétit de l’enfant.

Les résultats de l’étude montrent que les enfants qui sont plus sensibles à leurs signaux de satiété et ceux qui ont tendance à manger lentement sont moins à risque de se trouver en situation d’obésité. A contrario, les enfants plus sensibles aux stimuli alimentaires environnementaux et ceux présentant, d’une façon générale, un intérêt élevé pour la nourriture et un « gros appétit » ont des Z-scores d’IMC significativement plus élevés.

Des données complémentaires montrent que la consommation de plus d’un produit ultra-transformé par jour est aussi associée à un IMC élevé. Les auteurs soulignent la problématique suivante : pour les parents en situation de précarité, le fait de pouvoir offrir des produits ultra-transformés à leur enfant est valorisé, car perçu comme un témoin de progrès social.

En conclusion, les auteurs indiquent que le CEBQ est un outil adapté pour évaluer les caractéristiques alimentaires des jeunes enfants et que son utilisation, en particulier dans les milieux précaires, pourrait améliorer l’identification des enfants les plus à risque de développer un surpoids ou une obésité. Ce questionnaire est également un support intéressant pour sensibiliser les parents au fait qu’ils peuvent avoir une influence sur les comportements alimentaires de leur enfant, dans le cadre de la prévention de l’obésité.

SERHAL, L. FARDET, A. & OBEID, D. Relationship between children’s eating behavior (1-6 years) and body mass index : a cross-sectional study in French maternal-infant protection centers within the Parisian region. Journal of Public Health, 2024, fdae060, doi : 10.1093/pubmed/fdae060.