Pour prédire la tolérance au lait cuit chez les enfants présentant une allergie aux protéines du lait de vache, plusieurs paramètres peuvent être utilisés : les taux d’IgE spécifiques au lait de vache, de brebis, de chèvre et à la caséine, ainsi que les réponses à des tests cutanés d’allergie ou des tests de provocation par voie orale.
Le régime d’éviction est le principal traitement de l’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) chez l’enfant. L’introduction d’aliments contenant du lait cuit pourrait être une meilleure stratégie de désensibilisation, plutôt que l’éviction totale ; elle limite les effets secondaires du traitement et améliore la qualité de vie des enfants. Les données de la littérature montrent que 65 à 83 % des enfants présentant une APLV pourraient consommer en toute sécurité des aliments contenant du lait cuit. Une étude examine, chez 80 enfants âgés de 3 à 13 mois présentant une APLV IgE-médiée, les marqueurs qui pourraient prédire une tolérance au lait cuit.
Un test de provocation par voie orale (TPO) réalisé avec des muffins contenant 2,6 g de protéines laitières a mis en évidence que 62,5 % des enfants de l’échantillon présentent une tolérance au lait cuit. Une comparaison entre ces 50 enfants tolérants et les 30 enfants réactifs au lait cuit ne montre pas de différence pour les paramètres suivants : sexe de l’enfant, âge d’apparition des symptômes allergiques et maladies atopiques concomitantes.
Plusieurs différences significatives apparaissent par contre entre les deux groupes :
- 100 % des enfants réactifs vivent en ville (vs 76 % des enfants tolérants), P = 0,003 ;
- les enfants tolérants présentent une papule d’urticaire moins étendue en réponse à un test cutané d’allergie réalisé avec de la pâte de muffin (prick test), P = 0,002 ;
- les dosages des IgE spécifiques au lait de vache (P = 0,047) au lait de brebis (P = 0,01), au lait de chèvre (P = 0,006) et à la caséine (P = 0,0001) révèlent des niveaux plus bas chez les enfants tolérants;
- enfin, la quantité de lait « non-cuit » ingérée jusqu’à apparition d’une réaction, au cours d’un TPO, est plus élevée chez les enfants tolérants au lait cuit (P < 0,0001).
Pour conclure, les auteurs proposent des valeurs seuils de ces différents paramètres significativement différents entre les enfants tolérants et ceux réactifs au lait cuit, dans l’objectif d’aider à prédire la tolérance au lait cuit chez les enfants présentant une APLV IgE-médiée (cf. Tableau 1).
KILIC, M. ÇILKOL, L. TASKIN, E. « et col. » Evaluation of some predictive parameters for baked-milk tolerance in children with cow’s milk allergy. Allergol Immunopathol, 2021, 49, 2, p. 53-59 (doi: 10.15586/aei.v49i2.64).