L’isolement social chez les séniors est associé à un risque augmenté de présenter des apports bas en micronutriments, en particulier en magnésium, potassium, folates, vitamine B6 et vitamine C.
Les données de la littérature scientifique ont déjà montré des liens significatifs entre l’isolement social / la solitude et une santé dégradée, en particulier chez les personnes âgées. Des études récentes ont par exemple mis en avant plus de dépression, de démence, ou encore de maladies coronariennes chez les personnes socialement isolées. Une nouvelle étude examine plus particulièrement les liens entre l’isolement social / la solitude et les apports en micronutriments, dans un échantillon de 3 713 personnes issues d’une cohorte anglaise représentative de la population des personnes âgées de 50 ans et plus.
Les auteurs rappellent tout d’abord que l’isolement social fait référence à la combinaison de plusieurs conditions : vivre seul, avoir peu de contacts sociaux et être peu engagé dans des activités communautaires. La solitude, quant à elle, fait référence à la façon dont on perçoit sa situation sociale ; il s’agit d’un sentiment subjectif d’isolement et de manque de compagnie.
Les résultats montrent que l’isolement social est significativement associé à un risque augmenté de présenter des apports insuffisants (en dessous des recommandations nationales) en 5 micronutriments sur les 9 examinés, et ce, indépendamment des nombreux facteurs de confusion pris en compte (âge, genre, niveau d’étude, origine ethnique, statut marital, activité physique, apport énergétique total) :
- le magnésium,
- le potassium,
- les folates,
- la vitamine B6,
- et la vitamine C.
Pour chaque hausse d’un point du score d’isolement social – score allant de 0 (moins isolé) à 5 (plus isolé) – le risque d’apport inadéquat augmente de 15 % (pour le magnésium) à 23 % (pour la vitamine C). A noter que ces associations statistiques sont plus robustes dans la sous-population des personnes âgées de 65 ans et plus, que dans celle des 50 – 64 ans. Pour le fer, le calcium, la vitamine E et la vitamine B12, aucune association significative avec l’isolement social n’a été mise en évidence.
Les mêmes analyses ont été menées pour examiner les liens entre la solitude et le risque d’apport insuffisant en micronutriments et, dans ce cas, aucune association significative n’a été révélée. Les auteurs font l’hypothèse que le déficit d’apport en micronutriments serait plus affecté par les conséquences matérielles et pratiques de l’appauvrissement des connexions sociales, que par sa composante émotionnelle. Les séniors qui ont peu de contacts sociaux ont par exemple moins d’opportunités de recevoir des conseils de la part de proches concernant l’équilibre alimentaire.
En conclusion, cette étude souligne l’importance, pour les professionnels de santé et les aidants, de considérer avec attention la qualité de l’alimentation des personnes âgées socialement isolées et de promouvoir, en particulier, la consommation de fruits, légumes (notamment les légumes verts à feuilles sombres), légumineuses, graines, fruits à coques et céréales complètes, en plus des aliments d’origine animale (produits laitiers, œufs, viande), principales sources de calcium, fer et vitamine B12.
STEPTOE, A. FONG, HL. & LASSALE, C. Social isolation, loneliness and low dietary micronutrient intake amongst older people in England. Age and Ageing, 2024, 53, afae223, doi: 10.1093/ageing/afae223.