L’apport iodé n’est pas homogène dans tous les sous-groupes de population, même dans les pays considérés comme ayant un bilan iodé suffisant. L’exemple norvégien met en évidence des apports inadéquats en particulier chez les seniors, les femmes enceintes et les végétaliens.
Une équipe de chercheurs a évalué le statut iodé dans sept groupes d’individus issus d’un échantillon non représentatif norvégien : 47 enfants (3 à 9 ans), 46 adolescents (10 à 17 ans), 71 adultes (18 à 64 ans), 23 seniors (+ de 65 ans), 45 femmes enceintes, 25 ovo-lacto-végétariens et 19 végétaliens. Les apports en iode par l’alimentation et par la complémentation ont été évalués par deux rappels des 24h. La concentration iodée urinaire (en anglais : UIC) a été mesurée, à jeun, chaque matin suivant les rappels alimentaires.
Les résultats montrent, dans l’ensemble de la population, un apport quotidien médian de 103 µg d’iode par l’alimentation. Cet apport atteint 112 µg/jour en prenant en compte les compléments alimentaires. Le lait et les produits laitiers représentent la source principale d’iode dans tous les sous-groupes de population (Figure 1A), sauf pour les végétaliens chez qui les compléments alimentaires représentent plus de 90 % de l’apport iodé (Figure 1B).
Le calcul des probabilités d’apport adéquat en iode, par sous-groupe de population, montre une probabilité élevée chez les enfants (82 %) et faible chez les végétaliens (14 %) d’atteindre leurs apports recommandés. Ces probabilités s’élèvent à 47 % chez les femmes enceintes et entre 60 et 67 % dans les autres sous-groupes.
Selon l’OMS, l’apport iodé est suffisant dans une population donnée si l’UIC médian dans cette population est supérieur à 100 µg/L ou 150 µg/L pour les femmes enceintes. Dans l’ensemble de l’échantillon, l’UIC médian s’élève à 101 µg/L (intervalle de confiance à 95% = [90 ; 110]). L’analyse des mesures d’UIC par sous-groupe met en évidence un apport inadéquat chez les végétaliens (UIC médian = 46 µg/L IC95% = [32 ; 62]), les seniors (62 µg/L [51 ; 97]) et les femmes enceintes (84 µg/L [62 ; 107]). Une analyse complémentaire montre également une valeur faible d’UIC médian (71 µg/L [61 ; 94]) chez les femmes adultes en âge de procréer.
Cette étude met en lumière l’importance de considérer les différents sous-groupes de population dans le cadre de l’évaluation du statut iodé dans les pays considérés comme ayant un bilan iodé suffisant. Dans le contexte norvégien, si les enfants semblent avoir le statut iodé le plus haut, les sous-groupes des seniors, des femmes enceintes et des végétaliens apparaissent en dessous des recommandations.
BRANTSÆTER, AL. KNUTSEN, HK. JOHANSEN, NC. « et col. » Inadequate iodine intake in population groups defined by age, life stage and vegetarian dietary practice in a Norwegian convenience sample. Nutrients, 2018, 10, 230 (doi: 10.3390/nu10020230).