L’augmentation de l’écart entre les prix et les salaires expliquerait en partie la hausse de l’insécurité alimentaire. C’est ce que montre l’étude des liens entre un indicateur de la privation alimentaire (la proportion de foyers qui se déclare ne pas avoir les moyens leur permettant un apport en protéine animale ou son équivalent végétal un jour sur deux) et l’écart entre le prix des aliments et les salaires. Les données de l’OCDE et de l’Eurostat de 21 pays européens entre 2004 et 2012 ont été utilisées.
Résultats : chaque augmentation de 1 % de l’inflation du prix des aliments au-dessus de celle des salaires correspond à une hausse de 0,060 point de pourcentage de la privation alimentaire (intervalle de confiance à 95 % : IC95 = [0,024 – 0,095]). Cette association est plus forte dans les foyers vivant sous le seuil de pauvreté (0,127 points ; IC95 = [0,081 – 0,172]) que dans ceux vivant au-dessus (0,044 points ; IC95 = [0,023 – 0,065]).
Cette association est plus forte dans les pays ayant les régimes de protection sociale les moins protecteurs (Europe de l’Est par exemple) et n’est plus statistiquement significative dans les pays aux régimes les plus protecteurs (Europe du Nord).
En conclusion, la hausse du prix des aliments associée à la stagnation des salaires favorise l’augmentation de l’insécurité alimentaire, particulièrement dans les foyers les plus pauvres. Les régimes de protection sociale les plus généreux peuvent aider à réduire cet effet.
Reeves A, Public Health Nutr 2017;20:1414-22.