Cette étude française montre que cinq semaines d’une consommation quotidienne de 60g de camembert ne modifient ni la pression artérielle, ni le niveau de cholestérol de personnes souffrant d’une hypercholestérolémie modérée.L’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle sont des facteurs de risque majeurs de maladies cardiovasculaires. Réputé gras, riche en sel et acides gras saturés, le fromage est souvent restreint dans l’alimentation des personnes souffrant d’hypercholestérolémie.
Cet essai randomisé et multicentrique, a été mené en France afin d’évaluer l’impact d’une consommation biquotidienne de camembert sur le bilan lipidique et la pression artérielle.
Les 156 participants ont été recrutés en France (à Lille, Marseille, Lorient et Grenoble). Ils étaient âgés de 18 à 65 ans avec un IMC était compris entre 19 et 30kg.m-2 ; normotendus, ils devaient en revanche avoir une hypercholestérolémie modérée, ne nécessitant pas de traitement médicamenteux (LDL cholestérol compris entre 4.13 et 5.70mmol/l). Pendant une période de pré-inclusion de 3 semaines, les participants consommaient 2 fois par jour un yaourt au lait entier. A l’issue de cette période ils étaient divisés en 2 groupes : Pendant 5 semaines, l’un consommait quotidiennement 60g de camembert tandis que l’autre groupe (témoin) consommait toujours 2 yaourts au lait entier.
Il s’agit d’une étude pragmatique réalisée dans des conditions de vie « normales », la seule contrainte était de ne pas consommer d’autre fromage ou lait fermenté que ceux prescrits. Comparé au début de l’étude, aucune modification du bilan lipidique ou de la pression artérielle n’a été relevée, ni à la fin de la période de pré-inclusion (consommation de 2 yaourts au laitier par jour) ni à l’issue des 5 semaines d’intervention (consommation de 60g de fromage par jour ou de 2 yaourts au lait entier par jour).
Ce résultat conforte un certain nombre de travaux antérieurs sur la matière grasse laitière qui, malgré sa teneur en acides gras saturés, peut tout à fait trouver sa place dans l’alimentation même en cas d’hypercholestérolémie modérée. En effet, tous les acides gras saturés ne sont pas athérogènes. Ce n’est, par exemple, pas le cas des acides gras à chaînes courte et moyenne très présents dans la matière grasse laitière.Quant à l’acide myristique, il aurait un effet délétère s’il est consommé en très grande quantité mais un effet bénéfique lorsqu’il est consommé en quantité modérée. Des bénéfices liés à la fermentation ou au calcium seraient aussi à prendre en compte.
Supprimer systématiquement le fromage aux personnes légèrement hypercholestérolémiques, comme certains le font encore, serait donc au mieux inutile.
JL Schlienger, F Paillard, JM Lecerf et col (2014) Effect on blood lipids of two daily servings of Camembert cheese. An intervention trial in mildly hypercholesterolemic subjects; Int J Food Sci Nutr, Early Online:1-6 © Informa UK Ltd.DOI:10.3109/09637486.2014.945156