Les résultats de cette étude européenne mettent en évidence un gradient sud-nord d’habitudes alimentaires différentes à la fois en termes d’horaires de repas et de quantité d’énergie consommée.
Les habitudes alimentaires d’un peu plus de 36 000 participants à la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer et Nutrition) ont été collectées entre 1995 et 2000. 23 000 femmes et 13 000 hommes ont ainsi réalisé un rappel des 24h afin de préciser leurs horaires de prises alimentaires (réparties en 11 possibilités, entre 6h et 24h) et le contenu de celles-ci.
Les résultats sont très hétérogènes et révèlent un gradient sud/nord en termes d’horaires des prises alimentaires.
Ainsi, le petit déjeuner est consommé vers 7h en Suède, Norvège et France contre 9h en Espagne. Le déjeuner est pris vers 12h dans les pays nordiques au lieu de 14h encore en Espagne ou en Grèce. Enfin le dîner est également décalé avec une consommation habituelle entre 16 et 19h dans le Nord de l’Europe et beaucoup plus tardive dans le sud (20-21h). Les prises « hors repas » sont également décalées en conséquence.
Les graphiques ci-dessous illustrent cette répartition différente des prises alimentaires entre l’Espagne et la Norvège.
En outre, ces graphiques montrent également une absence de pic de consommation en Norvège (et plus généralement dans les pays d’Europe de Nord) où les prises alimentaires sont étalées de manière homogène sur l’ensemble de la journée, contrairement aux pays du sud, notamment la France, où les 3 repas restent une habitude encore très ancrée dans les pratiques.
En ce qui concerne la répartition des apports énergétiques sur la journée, elle évolue dans le sens inverse. Le ratio énergie consommée en fin de journée/début de journée varie de 0,68 en France à 1,39 en Norvège pour les femmes et de 0,71 en Grèce à 1,35 aux Pays Bas pour les hommes. Les prises alimentaires des Pays du Sud sont donc plus tardives mais aussi plus élevées.
Des études complémentaires sont nécessaires afin de mieux appréhender les implications de ces pratiques alimentaires sur la santé, notamment dans un contexte où des modes alimentaires basées sur les rythmes circadiens, comme la chrono-nutrition, émergent.
Huseinovic E. & al. Public Health Nutrition 2018 ; 12p. doi.org/10.1017/S1368980018002288