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Evolution naturelle des allergies alimentaires au cours de la vie

Brèves scientifiques
Publié le 19/08/2024
Publié le 19/08/2024
Temps de lecture : 6 minutes
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Les allergies alimentaires évoluent différemment au cours de la vie en fonction des aliments incriminés. Si les allergies aux protéines de lait de vache et à l’œuf apparaissent très tôt pour guérir le plus souvent naturellement, celles à l’arachide ou aux produits de la mer surviennent plus tardivement et ont tendance à persister à l’âge adulte.

Une revue de littérature fait le point sur l’évolution naturelle au cours de la vie des allergies alimentaires les plus courantes.

L’apparition des allergies alimentaires a lieu le plus souvent pendant la petite enfance. Les prévalences d’allergies sont les plus élevées à cet âge, entre 8 et 17 %. S’il existe une prédisposition génétique au développement des allergies alimentaires, plusieurs facteurs de risque environnementaux peuvent aussi favoriser leur apparition : exposition in utéro à l’obésité, au tabac ou aux restrictions alimentaires, naissance par césarienne, carence en vitamine D ou encore dermatite atopique.

Les allergies aux protéines de lait de vache (APLV), à l’œuf et au blé sont celles qui apparaissent le plus tôt, chez le nourrisson pour, le plus souvent, guérir naturellement pendant l’enfance (cf. figure 1). Les allergies à l’arachide, aux fruits à coque et aux produits de la mer surviennent un peu plus tard, avec un pic de prévalence situé entre 1 an et demi et 3 ans, et ont tendance à persister à l’âge adulte. Les auteurs mentionnent également l’allergie au soja qui, même si elle n’est pas aussi fréquente que l’APLV, apparaît à un âge similaire. A noter que peu d’études ont jusqu’à présent examiné l’âge de guérison de l’allergie au soja.

Certaines interventions ont la capacité de modifier l’évolution naturelle des allergies alimentaires. Les auteurs citent en particulier l’introduction précoce d’allergènes dans l’alimentation qui peut prévenir les allergies ou encore la mise en place d’immunothérapies orales qui consistent à administrer de façon répétée des doses croissantes de l’allergène, à intervalle régulier, pour moduler la réponse immunitaire et augmenter le seuil de réactivité à l’ingestion de l’aliment.

Les adolescents sont les plus à risque de réactions allergiques sévères, voire mortelles, souvent en raison d’une administration tardive d’adrénaline en cas de choc anaphylactique. Les auteurs insistent sur l’importance, pour les adolescents, de continuer à être suivis par un allergologue pour identifier les potentiels développements de tolérance et pour s’assurer que les bonnes pratiques sont clairement assimilées, en particulier en cas de repas pris en dehors du domicile (déclaration des allergènes au restaurant, lecture des étiquettes).

Les auteurs mettent en évidence que la proportion d’adultes qui pensent, à tort, être allergiques est particulièrement haute. De nombreuses personnes allergiques continuent par exemple d’éviter strictement l’aliment incriminé, pensant qu’une allergie alimentaire dure forcément toute la vie. Or, des études récentes montrent que ce n’est pas systématiquement le cas, en particulier pour l’allergie à l’arachide. Les auteurs soulignent l’importance de l’éducation sur les allergies alimentaires à destination des adultes ; ils évoquent en particulier le fait que la prise de médicaments ou la consommation d’alcool peuvent contribuer à l’aggravation des réactions allergiques.

En conclusion, les auteurs mettent en avant le fait que des changements semblent récemment apparaître dans l’évolution naturelle des allergies alimentaires. Certaines allergies (à l’œuf ou APLV) qui disparaissaient naturellement à l’âge adulte semblent aujourd’hui montrer plus de persistance, alors que d’autres, que l’on pensait forcément persistantes à l’âge adulte, montrent au contraire une capacité à disparaître. Les auteurs invitent les scientifiques et les cliniciens à se tenir informés de ces évolutions.

LEE, ECK. TROGEN, B. BRADY, K. « et col. » The natural history and risk factors for the development of food allergies in children and adults. Current Allergy and Asthma Reports, 2024, 24, p. 121-131, doi: 10.1007/s11882-024-01131-3.