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Déterminer la prévalence de la dénutrition chez les séniors vivant hors institution : GLIM vs SNAQ

Brèves scientifiques
Publié le 11/11/2024
Publié le 11/11/2024
Temps de lecture : 7 minutes

L’utilisation du questionnaire de dépistage SNAQ pour déterminer la prévalence de la dénutrition chez les personnes âgées de plus de 65 ans vivant hors institutions aux Pays-Bas aboutit à un résultat de 8,5 % ; vs 7,1 % en se basant sur les critères de dénutrition du GLIM. Les femmes, les personnes de plus de 85 ans, et celles vivant seules sont plus à risque de dénutrition.

Quel est l’impact de la méthodologie utilisée pour déterminer la prévalence de la dénutrition dans une population de séniors vivant hors institutions ? Une étude transversale d’observation hollandaise tente de répondre à cette question en examinant les données issues de deux échantillons représentatifs de la population âgée de plus de 65 ans aux Pays-Bas : la Longitudinal Aging Study Amsterdam (LASA) (n = 1138) et la Dutch National Food Consumption Survey (DNFCS) (n = 607).

La prévalence de la dénutrition a été déterminée au moyen de deux méthodologies :

  • L’utilisation du questionnaire de dépistage SNAQ65+ (Short Nutritional Assessment Questionnaire 65+), un outil d’évaluation rapide et simple des patients dénutris et à risque de dénutrition : les participants ayant un périmètre brachial bas et/ou ayant perdu involontairement 4 kg ou plus au cours des 6 derniers mois étaient considérés comme dénutris, ceux rapportant avoir eu un faible appétit la semaine précédant l’enquête, combiné à une mobilité limitée, étaient considérés comme à risque de dénutrition ;
  • L’utilisation des critères de dénutrition du GLIM (Global Leadership Initiative on Malnutrition), issus d’un consensus international qui permet de poser, en contexte clinique, un diagnostic chez les patients à risque de dénutrition : les participants présentant au moins un critère phénotypique (parmi la perte de poids involontaire, un Indice de Masse Corporelle bas et une masse musculaire réduite) et un critère étiologique (parmi la réduction des apports alimentaires / de l’assimilation des nutriments et une pathologie / un état inflammatoire), étaient diagnostiqués en état de dénutrition.

Pour l’ensemble de l’échantillon (n = 1745, âge moyen 74 ± 6 ans, avec 16,7 % âgés de 80 ans et plus), la prévalence de la dénutrition, déterminée par le SNAQ65+, s’élève à 8,5 % (IC95% = [7,3 ; 9,9]) ; 4,2 % de la population sont quant à eux considérés comme étant à risque de dénutrition. Faute de données disponibles pour déterminer la prévalence de la dénutrition sur tout l’échantillon en utilisant les critères du GLIM, les auteurs ont ensuite travaillé sur un sous-échantillon de 700 personnes (issus de LASA) pour lesquelles l’ensemble des critères du GLIM étaient présents. Dans ce sous-échantillon qui s’avère être plus jeune et en meilleure santé que l’échantillon global, la prévalence de la dénutrition s’élève à :

  • 5,4 %, sur la base du SNAQ65+,
  • 7,1 % sur la base du GLIM.

Les auteurs soulignent le fait que la prévalence de 7,1 % déterminée par les critères du GLIM est à considérer avec précaution, car probablement sous-évaluée. En effet ces critères sont souvent manquants parmi les personnes âgées les plus à risque, vivant hors institution.

Une analyse complémentaire met en évidence le fait que les personnes âgées les plus à risque de dénutrition sont :

  • les femmes,
  • les personnes les plus âgées (85 ans et +),
  • les personnes vivant seules,
  • celles recevant des soins à domicile,
  • celles ayant une mobilité réduite,
  • et enfin, les personnes déclarant ne pas être en bonne santé ou avoir un petit appétit.

Les auteurs rappellent les autres facteurs de risque importants à identifier et à prendre en compte pour les professionnels de santé : les problèmes de déglutition, une santé orale dégradée et les symptômes dépressifs.

Cette étude met en évidence une prévalence de la dénutrition, déterminée par le SNAQ65+, s’élevant à 8,5 % parmi les séniors de plus de 65 ans vivant aux Pays-Bas, hors institutions. Celle déterminée par les critères de dénutrition du GLIM (7,1 %) n’a pu être évaluée que sur un échantillon réduit, en raison des nombreuses données manquantes, cet outil ayant principalement été construit pour des contextes cliniques.

ZÜGÜL, Y. VAN ROSSUM, C. & VISSER, M. Prevalence of undernutrition in community-dwelling older adults in the Netherlands: application of the SNAQ65+ screening tool and GLIM consensus criteria. Nutrients, 2023, 15, 3917, doi: 10.3390/nu15183917.