Le fait d’utiliser la méthode du bilan azoté pour déterminer le besoin en protéines chez l’enfant présente le risque de sous-estimer ce besoin. Par ailleurs, la prise en compte du niveau d’activité physique pourrait s’avérer nécessaire pour ajuster au mieux le besoin en fonction du mode de vie.
Le besoin en protéines chez l’adulte est aujourd’hui assimilé à l’apport minimum en protéines de bonne qualité, assurant un bilan azoté équilibré chez des sujets à l’équilibre énergétique et avec une activité physique modérée. Chez l’enfant, la méthode du bilan azoté est aussi celle en vigueur pour déterminer le besoin protéique ; ce bilan doit être positif afin de prendre en compte le besoin lié à la croissance. Une revue de littérature examine les biais potentiels de la méthode du bilan azoté pour évaluer le besoin protéique chez l’enfant, ainsi que les méthodologies émergentes.
Les auteurs mettent en avant le fait que la technique du bilan azoté, utilisée pour déterminer le besoin en protéines chez l’enfant, présente de nombreux biais méthodologiques. En particulier, elle a tendance à surestimer l’apport en azote et à sous-estimer son excrétion. De ce fait, selon les auteurs, l’utilisation de cette méthode entraîne une sous-estimation systématique des besoins protéiques.
Parmi les méthodologies alternatives au bilan azoté (qui reste aujourd’hui la référence) les auteurs mettent particulièrement en avant la méthode de l’oxydation de l’acide aminé indicateur (Indicator Amino Acid Oxidation Method : IAAO). Cette dernière consiste à mesurer l’oxydation d’un acide aminé (souvent la 13C-phénylalanine) différent de celui dont on veut estimer le besoin. Tant que l’acide aminé dont on veut connaitre le besoin est apporté en quantité insuffisante alors l’acide aminé indicateur se trouve en excès et est donc oxydé. Selon cette méthode, la référence nutritionnelle (apport quotidien couvrant le besoin de 97,5% de la population) pour la population des enfants de 6 à 10 ans serait proche de 1,55 g de protéines /kg/jour alors que la référence actuelle, déterminée par bilan azoté, est de 0,95 g/kg/j pour cette tranche d’âge.
Par ailleurs, les auteurs relèvent le fait qu’à l’heure actuelle les recommandations ne prennent pas en considération la quantité d’activité physique pratiquée par les individus. Il apparaît pourtant que l’activité physique augmente les besoins protéiques pour répondre à l’accrétion protéique musculaire consécutive à la pratique sportive.
Pour conclure, si la référence nutritionnelle actuelle, déterminée sur la base du bilan azoté, est de 0,85 g/kg/j chez les enfants âgés de 14 à 18 ans et de 0,95 g/kg/j chez ceux de 4 à 13 ans, cette étude met en avant l’importance de reconsidérer ces valeurs, en prenant en compte les méthodologies émergentes et les niveaux d’activité physique des enfants.
HUDSON, JL. BAUM, JI. DIAZ, EC. « et col. » Dietary protein requirements in children: methods for consideration. Nutrients, 2021, 13, 1554, doi: 10.3390/nu13051554.