Même si les recommandations européennes préconisent de ne procéder à aucune exclusion alimentaire en cas de MICI, la majorité des personnes atteintes y ont recours, alors qu’elles augmentent le risque de carences nutritionnelles et de dénutrition. Les professionnels de la nutrition ont un rôle clé à jouer dans l’éducation du patient.
Les personnes souffrant d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) présentent fréquemment des symptômes liés à la prise alimentaire (appétit diminué, diarrhées, absorption réduite des nutriments) pouvant mener à des carences et/ou à un état de dénutrition. Une enquête réalisée auprès de 82 adultes atteints d’une MICI (48 de la maladie de Crohn et 34 de colite ulcéreuse) examine les croyances alimentaires liées à leur maladie ainsi que leurs comportements, avec un focus sur les exclusions alimentaires pratiquées pendant les phases de rémission et pendant celles de rechute.
Les résultats montrent que la majorité des personnes (85 %) considèrent que le contenu de leur assiette peut être un élément déclencheur d’une phase de rechute de la maladie. De la même façon, 82 % des personnes interrogées pensent qu’elles devraient éliminer certains aliments de leur régime alimentaire.
En termes de pratiques, des exclusions alimentaires sont effectivement mises en place par 90 % des participants pendant les phases inflammatoires de la maladie et par 88 % pendant les rémissions. Les aliments les plus souvent exclus du régime sont :
- les produits épicés,
- les aliments gras,
- le lait et les produits laitiers,
- les fruits et les légumes crus,
- les légumineuses et les céréales complètes,
- l’alcool et le café.
Face à ces résultats, les auteurs rappellent l’état actuel des connaissances scientifiques ainsi que les recommandations nutritionnelles européennes en cours :
- les données scientifiques ne permettent pas de recommander un régime spécifique aux personnes atteintes d’une MICI;
- l’ESPEN (European Society for Clinical Nutrition and Metabolism) insiste sur le fait qu’aucune exclusion alimentaire n’est recommandée. Cette stratégie d’exclusion basée uniquement sur les expériences individuelles augmente en effet le risque d’apparition de carences et de dénutrition.
Pour conclure, les auteurs rappellent l’importance, pour les personnes atteintes d’une MICI, de se faire suivre par un professionnel de la nutrition et soulignent le fait que l’éducation du patient doit être centrale dans la prise en charge de la maladie.
GODALA, M. GASZYNSKA, E. DURKO, L. « et col. » Dietary behaviors and beliefs in patients with inflammatory bowel disease. Journal of Clinical Medicine, 2023, 12, 3455, doi: 10.3390/jcm12103455.