La consommation de protéines à 3 ans semble avoir un rôle dans le développement de la masse maigre à l’adolescence, uniquement chez les garçons. Elle n’est par contre pas associée au développement de l’adiposité.
La consommation de protéines pendant la petite enfance est suspectée d’avoir un impact sur la croissance des enfants, ainsi que sur la composition corporelle pendant l’enfance et l’adolescence. Ces effets seraient en particulier expliqués par une augmentation de la sécrétion d’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor 1), un facteur de croissance, aussi appelé somatomédine C. Afin de vérifier cette hypothèse, des chercheurs ont examiné, chez 1165 enfants issus d’une cohorte américaine, les associations entre la consommation protéique à 3 ans (âge médian 3,2 ans) et des paramètres liés à la croissance et la composition corporelle (z-scores d’IMC et de taille, épaisseur des plis cutanés, masse grasse, masse maigre et concentration circulante d’IGF-1), pendant l’enfance (âge médian 7,7 ans) et l’adolescence (âge médian 13,0 ans).
Les résultats mettent tout d’abord en évidence une consommation élevée de protéines à 3 ans, en moyenne 58,3 ± 8,9 g/j, ou encore 3,77 ± 0,68 g/kg/j, alors que l’apport recommandé se situe entre 0,8 et 0,9 g/kg/j. Aucune association significative n’a été trouvée entre cette consommation de protéines à 3 ans et les paramètres liés à la croissance ou la composition corporelle, mesurés autour de 8 ans.
Si aucune association n’a été mise en évidence, dans le sous-échantillon des filles, entre la consommation protéique à 3 ans et les paramètres d’intérêts à l’adolescence, plusieurs associations significatives sont par contre à relever dans le sous-échantillon des garçons. En effet, pour chaque augmentation de 10 g/j de la consommation protéique à 3 ans, on observe, chez les garçons adolescents :
- une hausse du z-score d’IMC de 0,12 unité, IC95% = [0,01 ; 0,23] ;
- une élévation de la concentration d’IGF-1 de 5,67 %, IC95% = [0,30 ; 11,3] ;
- une tendance à l’augmentation de l’indice de masse maigre de 1,34 %, IC95% = [-0,07 ; 2,78].
Une analyse plus détaillée, par origine des protéines consommées, montre que ces associations ne sont significatives uniquement que dans le cas de la consommation de protéines animales.
En conclusion, ces données montrent que, si la consommation de protéines à 3 ans peut contribuer à l’augmentation de la masse maigre et à la hausse de la sécrétion d’IGF-1 à l’adolescence, uniquement chez les garçons, elle n’a pas d’impact sur la masse grasse. Cette étude ne confirme donc pas l’hypothèse selon laquelle la consommation de protéines pendant la petite enfance aurait pour effet de favoriser l’adiposité au cours de la croissance.
SWITKOWSKI, KM. JACQUES, PF. MUST, A. « et col. » Associations of protein intake in early childhood with body composition, height, and insulin-like growth factor I in mid-childhood and early adolescence. American Journal of Clinical Nutrition, 2019, 109, p. 1154-1163 (doi: 10.1093/ajcn/nqy354).