Les 47es rencontres internationales du British Feeding and Drinking Group (BFDG) ont eu lieu les 13 et 14 avril 2023 à Leeds (UK), réunissant des experts sur les comportements alimentaires. Retour sur deux conférences visant à prévenir le surpoids chez les enfants et à favoriser leur consommation de légumes.
Caractéristiques des enfants présentant une avidité alimentaire
L’hyperphagie alimentaire chez l’enfant est associée à un risque augmenté de surpoids et d’obésité. Abigail Pickard (Aston University, Birmingham) examine les caractéristiques des jeunes enfants présentant une avidité alimentaire, définie par la présence simultanée d’un grand appétit et d’une haute acceptabilité d’aliments (cf. figure 1). Une enquête en ligne a été réalisée auprès de 995 parents d’enfants de 3 à 6 ans, parmi lesquels 217 (21,9 %) présentaient ce type de profil alimentaire.
Les résultats montrent que les enfants présentant une avidité alimentaire semblent avoir des niveaux plus élevés de réactivité face aux aliments, une vitesse d’ingestion des aliments augmentée, ainsi qu’une tendance à manger plus en réponse à des émotions. Leur réponse aux signaux de satiété semble par ailleurs diminuée.
La chercheuse met en avant les caractéristiques suivantes associées au tempérament des enfants présentant une avidité alimentaire :
- une tendance à se montrer plus pressés ;
- une tendance à présenter plus d’émotions négatives.
Les pratiques parentales vis-à-vis de l’alimentation semblent également liées à la présence d’une avidité alimentaire chez leur enfant. On peut relever en particulier, chez les parents concernés, une utilisation plus fréquente de la nourriture pour réguler leurs émotions, ainsi qu’une tendance à restreindre leur alimentation pour des raisons de poids ou pour des raisons de santé.
A noter enfin que les enfants appartenant au profil « avidité alimentaire » semblent vivre dans un environnement plus défavorisé, au sein duquel ils font face à un niveau d’insécurité alimentaire plus élevé comparativement aux autres enfants.
Pour conclure, Abigail Pickard insiste sur l’importance de considérer à la fois l’environnement des enfants et leur tempérament pour détecter les enfants à risque de présenter une avidité alimentaire et prévenir ainsi l’apparition d’un surpoids ou d’une obésité.
Stratégies visant à favoriser la consommation de légumes chez les enfants
De nombreuses stratégies sont mises en place par les parents dans l’objectif de favoriser la consommation de légumes chez leur enfant. Lucy Porter (Loughborough University) met en avant 3 stratégies (les 3 R) qui ont déjà montré leur efficacité :
- la Répétition de l’exposition aux légumes, sans mettre de pression à l’enfant pour qu’il en mange ;
- le fait de jouer le Rôle de modèle face à l’enfant en mangeant des légumes en sa présence et en lui montrant que ces derniers peuvent être appréciés ;
- la proposition de Récompenses non alimentaires telles que des autocollants, des petits privilèges ou encore des objets à collectionner (NDLR : cette dernière stratégie est plutôt à utiliser lorsque l’exposition répétée ne fonctionne pas ; les récompenses alimentaires ne sont, quant à elles, absolument pas recommandables).
La chercheuse a examiné les freins des parents à utiliser ces 3 stratégies au moyen d’une enquête qualitative (interview semi-structurée) réalisée auprès de 25 parents d’enfants de 2 à 4 ans (principalement des mères).
Les résultats mettent tout d’abord en évidence des barrières associées à des croyances des parents concernant le développement des préférences alimentaires chez l’enfant :
- certains parents pensent par exemple que les goûts des enfants évoluent indépendamment des actions qui peuvent être réalisées par leurs parents ;
- la chercheuse rapporte aussi le fait que des parents considèrent que, si leur enfant n’accepte pas de consommer les légumes habituellement les plus appréciés, il n’est pas utile de chercher à introduire de nouveaux légumes, moins communs.
D’autres croyances des parents sont liées à l’efficacité de ces stratégies. Lucy Porter fait la différence entre les familles qui mettent en doute cette efficacité, sans même les avoir essayées et celles qui les ont expérimentées, mais n’ont pas constaté d’évolutions positives dans les comportements alimentaires de leur enfant. Face à ces différences interindividuelles, la chercheuse souligne le fait que, pour surmonter ces freins, ce sont forcément des interventions différentes qui doivent être mises en place et des leviers différents qui doivent être activés :
- pour la première catégorie de familles, les leviers à activer seront plutôt d’ordre éducationnels, en mettant par exemple en avant des preuves de l’efficacité de ces pratiques ;
- pour la deuxième catégorie, c’est plus une approche de type « soutien aux familles dans la mise en place des stratégies » qui sera appropriée.
Enfin, l’étude révèle d’autres barrières liées à de potentiels effets négatifs de ces stratégies :
- certains parents interprètent la répétition de l’exposition aux légumes comme une pression mise sur l’enfant et ne souhaitent pas, en conséquence, y avoir recours. Lucy Porter insiste sur l’importance d’avoir une compréhension unifiée de ces stratégies : la répétition de l’exposition, tout comme le fait de jouer le rôle de modèle n’ont pas à être associés à de la pression mise sur l’enfant pour montrer des effets bénéfiques ;
- des parents pensent par ailleurs que l’utilisation de récompenses, même si elles ne sont pas alimentaires, risque de mettre en place, chez leur enfant, une relation malsaine avec la nourriture.
Pour conclure, ces barrières parentales à utiliser des stratégies pouvant améliorer la qualité de l’alimentation de leur enfant doivent être prises en compte dans de futures interventions nutritionnelles, tout comme d’autres barrières, déjà connues, à la présentation de légumes que sont le coût de ces aliments ou encore le risque de gaspillage alimentaire.
Les 47es rencontres internationales du British Feeding and Drinking Group (BFDG), 2023.