Les cas d’anaphylaxie alimentaire sont en augmentation en France chez le jeune enfant. L’arachide et les fruits à coque en sont les principaux responsables. L’établissement de recommandations nationales et la mise en place d’une prévention primaire adaptée seraient nécessaires pour endiguer ce phénomène.
L’anaphylaxie est la manifestation la plus sévère de l’allergie : elle correspond à une réaction généralisée, à risque de récidive. Depuis une vingtaine d’années, les registres européens et américains d’anaphylaxies montrent une augmentation de la prévalence des anaphylaxies en lien avec les allergies alimentaires, en particulier chez l’enfant. En France, les prévalences exactes ne sont pas connues ; les seules données disponibles (et non exhaustives) sont celles des anaphylaxies alimentaires déclarées au Réseau d’Allergo-Vigilance® (RAV). Une étude examine l’évolution des cas d’anaphylaxie alimentaire déclarés au RAV entre 2002 et octobre 2019, chez les enfants âgés de 0 à 4 ans.
Sur l’ensemble de la période d’étude, 392 cas d’anaphylaxie alimentaire ont été déclarés chez 389 enfants de 4 ans et moins. Ces enfants sont majoritairement des garçons (64 %) et 20,5 % ont moins de 1 an. Le nombre annuel de cas est en augmentation (cf. figure 1), passant de 12 en 2002 à 27 en 2019.
C’est l’arachide qui est, dans 24 % des cas (n = 94), responsable d’un épisode d’anaphylaxie alimentaire, suivie de la noix de cajou ou de la pistache (23 %). Les auteurs s’inquiètent de l’émergence croissante au fil des ans de ces cas, ainsi que de l’apparition d’anaphylaxies au sésame (11 cas), à la noix (7 cas) et au pignon de pin (6 cas), car ces allergies ont tendance à persister dans le temps et à être à l’origine d’accidents sévères.
Chez les enfants de moins de 1 an, le lait de vache représente 51 % des cas (41 cas sur la période) ; suivi de l’œuf (26 %). Les auteurs expliquent ces résultats par le fait que le lait de vache est en général le premier aliment introduit ; ils rappellent que la plupart des allergies au lait de vache et à l’œuf évoluent vers une guérison spontanée lorsque l’enfant grandit.
Les cas de polysensibilisations et de polyallergies apparaissent principalement à partir des années 2010. Les associations les plus fréquentes sont l’arachide et la noix de cajou/pistache, l’arachide et la noisette, ainsi que la noix de cajou/pistache et la noisette. Les auteurs qualifient de préoccupante cette hausse, au vu de la complexité de la prise en charge de ces allergies et de l’altération majeure de la qualité de vie des personnes atteintes. Aussi, ils invitent à rechercher systématiquement ces associations dans tout bilan d’anaphylaxie alimentaire.
En conclusion, les auteurs mettent en avant l’importance de la prévention primaire qui doit associer des conseils pour limiter l’exposition aux allergènes de l’environnement, en particulier les cosmétiques à base de protéines alimentaires, ainsi qu’une introduction précoce des allergènes dans l’alimentation de l’enfant. Ils invitent également à traiter activement toute dermatite atopique du nourrisson.
WINTREBERT, G. BRADATAN, E. LIABEUF, V. « et col. » Anaphylaxie à l’arachide et/ou aux fruits à coque du jeune enfant : des données du Réseau d’Allergo-Vigilance® à la prévention primaire de l’allergie alimentaire. Revue française d’allergologie, 2021, 61, p. 68-74 (doi: 10.1016/j.reval.2020.12.002)