Les adolescentes ayant une allergie persistante aux protéines de lait de vache présentent des paramètres osseux dégradés. Une exclusion partielle des produits laitiers, encadrée par des professionnels de santé dans le cadre du traitement de l’allergie, pourrait être bénéfique pour la santé osseuse comparativement à une exclusion totale.
Quelles sont les conséquences de l’allergie aux protéines de lait de vache sur la santé osseuse chez les adolescentes ? Une étude transversale d’observation examine cette question en comparant les propriétés osseuses de 26 adolescentes présentant une allergie persistante igE-médiée aux protéines du lait de vache à celles de 28 adolescentes non allergiques. Les participantes allergiques ont toutes suivi un régime alimentaire d’exclusion stricte des produits laitiers pendant un minimum de 5 ans.
Les données de consommation alimentaire montrent que les adolescentes allergiques aux protéines de lait de vache présentent un apport alimentaire de calcium diminué de 27 % et un apport en phosphore diminué de 29 %,comparativement aux participantes du groupe contrôle. Les auteurs soulignent néanmoins que la différence concernant les apports calciques disparaît lorsque la supplémentation est prise en compte.
Les résultats des analyses osseuses mettent en évidence une dégradation de la santé osseuse chez les adolescentes allergiques aux protéines de lait de vache, avec en particulier :
- un contenu minéral osseux (CMO) diminué (mesuré au niveau du rachis lombaire ou du corps entier (sauf la tête)) ;
- une densité minérale osseuse (DMO) aussi abaissée (la DMO correspond au CMO divisé par la surface de l’os).
Les auteurs ont aussi réalisé des analyses dans le sous-groupe des adolescentes qui ont déjà eu leurs règles. Ils ont montré, dans ce sous-échantillon, des altérations osseuses encore plus prononcées, avec en particulier une diminution de la résistance osseuse, mesurée au niveau du tibia et du radius. A noter que la résistance osseuse est le reflet de la quantité de tissu osseux ainsi que de sa qualité ; elle est caractérisée par la géométrie de l’os, sa microarchitecture, la minéralisation osseuse, l’accumulation de microlésions ou encore la composante élastique de l’os associée aux fibres de collagène.
Il est important de noter que les participantes qui continuent de suivre un régime d’exclusion totale des produits laitiers au moment de l’étude présentent des paramètres osseux plus dégradés, comparativement à celles qui n’excluent que partiellement les produits laitiers, soit parce qu’elles ont commencé à consommer des aliments contenant du lait cuit, suite à un test de provocation par voie orale, soit parce qu’elles sont engagées dans un protocole d’immunothérapie orale.
Pour conclure, cette étude met en lumière que les adolescentes présentant une allergie persistante aux protéines de lait de vache ont une santé osseuse dégradée. Les auteurs insistent sur l’intérêt, pour cette population, de l’introduction des produits laitiers dans le traitement, du suivi par un diététicien et de la pratique régulière d’une activité physique.
YONAMINE, GH. DOMICIANO, DS. TAKAYAMA, L. « et col. » Impaired bone mineral density and microarchitecture in female adolescents with IgE-mediated cow’s milk allergy. Archives of Osteoporosis, 2024, 19, 40, doi: 10.1007/s11657-024-01396-1.