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Allergie aux protéines de lait de vache : les nouvelles recommandations européennes.

Brèves scientifiques
Publié le 11/12/2023
Modifié le 13/12/2023
Modifié le 13/12/2023
Temps de lecture : 5 minutes
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La société savante ESPGHAN publie ses recommandations concernant le diagnostic, la prise en charge et la prévention de l’allergie aux protéines du lait de vache, chez le nourrisson.

L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est une des allergies alimentaires les plus courantes chez le nourrisson. Elle apparaît généralement avant l’âge d’un an. La Société européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (ESPGHAN) met à jour ses recommandations concernant le diagnostic, la prise en charge et la prévention de l’APLV, les précédentes datant de 2012.

Diagnostic

Les experts mettent tout d’abord en avant le fait que l’APLV est souvent surdiagnostiquée. En effet, si la prévalence basée sur la perception des parents se situe souvent autour de 10 % dans les études, celle qui s’appuie sur un test de provocation orale contrôle/placebo, réalisé en double aveugle, est inférieure à 1 %.

Les experts proposent un schéma récapitulatif (figure 1) résumant la marche à suivre en cas de suspicion d’APLV. La pierre angulaire du diagnostic de l’APLV réside en la mise en place d’une phase d’élimination du lait de vache de l’alimentation de l’enfant pendant 2 à 4 semaines, puis de la réalisation d’un test de provocation orale.

Prise en charge

En termes de prise en charge, les auteurs recommandent, en premier choix, l’utilisation d’une formule infantile fortement hydrolysée pendant une durée de 6 mois ou jusqu’à l’âge de 12 mois. Les formules partiellement hydrolysées ne sont pas recommandées dans le cadre du traitement de l’APLV et celles à base d’acides aminés sont réservées aux cas les plus sévères.  A la fin de cette période d’élimination du lait de vache, un nouveau test de provocation orale doit être réalisé afin de vérifier l’acquisition de la tolérance.

Le suivi par un diététicien ou un nutritionniste est recommandé afin de veiller à ce que l’apport en macro et en micronutriments soit adéquat, en particulier en ce qui concerne la vitamine D et le calcium. La croissance d’un enfant souffrant d’APLV doit être aussi surveillée très régulièrement afin d’éviter au maximum le retard de croissance (cf. figure 2).

Prévention

Les auteurs recommandent l’allaitement maternel pour ses multiples bénéfices, cependant son rôle dans la prévention de l’APLV n’est pas scientifiquement documenté de façon solide. Par ailleurs, aucune restriction alimentaire préventive n’est recommandée chez la mère, pendant la grossesse et l’allaitement, autre que celles liées au fait d’être enceinte. Enfin, les données scientifiques disponibles ne permettent pas de lier la prévention de l’APLV à l’ingestion de probiotiques, de prébiotiques, ou encore d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne.

En conclusion, le suivi de ces recommandations est primordial pour un diagnostic juste de l’APLV, pour une dégradation minimale de la qualité de vie des nourrissons atteints et de leurs parents et pour un statut nutritionnel adéquat, nécessaire à une croissance non altérée.

VANDENPLAS, Y. BROEKAERT, I. DOMELLÖF, M. « et col. » An ESPGHAN position paper on the diagnosis, management and prevention of cow’s milk allergy. Journal of Pediatric Gastroenterology & Nutrition, 2023, doi: 10.1097/MPG.0000000000003897.