La consommation d’aliments enrichis en un ou plusieurs micronutriments, dans le cadre de la diversification alimentaire, ne semble pas avoir d’effet sur la croissance des jeunes enfants. Elle permet par contre de diminuer le risque d’anémie.
Une revue de littérature et méta-analyse examine les effets, chez le jeune enfant, de la consommation d’aliments enrichis en micronutriments, dans le cadre de la diversification alimentaire. Seize essais contrôlés (impliquant 6 423 enfants âgés de 6 à 23 mois), dont 13 ont été réalisés en zone endémique du paludisme, sont inclus dans cette étude. La croissance, le risque anémique et le statut en zinc et rétinol, ont été comparés chez les enfants consommant des aliments enrichis (tel que le riz, la farine de maïs, les biscottes ou encore le millet) en un ou plusieurs micronutriments et chez ceux consommant les mêmes aliments, non enrichis. A noter que les laits infantiles n’ont pas été inclus dans cette étude.
Cinq études d’une durée de 6 mois ou plus ont évalué les effets de l’enrichissement sur la croissance des enfants. Les résultats ne montrent pas de différences entre les enfants consommant des aliments enrichis et ceux consommant les mêmes aliments non enrichis, pour les paramètres de croissance considérés :
- le poids pour l’âge (différence moyenne (Z-Scores) = -0,01 ; IC95% = [-0,07 ; 0,06]) ;
- le poids pour la taille (-0,05 ; IC95% = [-0,19 ; 0,10]) ;
- et la taille pour l’âge (-0,01 ; IC95% = [-0,21 ; 0,20]).
Les enfants consommant des aliments enrichis présentent par contre un risque d’anémie diminué de 43 % (Risque Relatif calculé à partir de 6 études d’une durée de 4 à 12 mois = 0,57 ; IC95% = [0,39 ; 0,82]). Les 11 essais examinant la concentration en hémoglobine mettent en évidence une hausse chez les enfants du groupe « aliments enrichis » (différence moyenne entre groupes en fin d’intervention = 3,44 g/L, IC95% = [1,33 ; 5,55]). La concentration moyenne en ferritine est également plus élevée chez les enfants ayant bénéficié pendant 12 semaines à 12 mois d’une alimentation enrichie (différence moyenne entre groupes en fin d’intervention (log ferritine) = 0,43 µg/L ; IC95% = [0,14 ; 0,72]).
Les auteurs ont aussi examiné les impacts potentiels de ces interventions sur les concentrations sériques en zinc et en rétinol, mais n’ont mis en évidence aucune différence significative entre les enfants consommant des aliments enrichis et les autres.
Pour conclure, si la consommation d’aliments enrichis en micronutriments, dans le cadre de la diversification alimentaire, semble diminuer le risque d’anémie chez les jeunes enfants en zone endémique du paludisme, aucun effet sur la croissance n’est démontré. Les auteurs insistent sur le fait que l’acceptabilité de ces aliments enrichis ne semble pas différer de celle des mêmes aliments non enrichis.
CSÖLLE, I. FELSO, R. SZABO, E. « et col. » Health outcomes associated with micronutrient-fortified complementary foods in infants and young children aged 6–23 months: a systematic review and meta-analysis. The Lancet Child & Adolescent Health, 2022, doi: 10.1016/S2352-4642(22)00147-X.