Plus d’un quart des enfants nés en France reçoit des aliments de complément trop précocement. Les mères jeunes, fumeuses, en surpoids, ayant peu étudié, nées hors de France et qui ne pratiquent pas l’allaitement maternel sont les plus à risque de cette pratique.
Selon les dernières recommandations européennes, la diversification alimentaire chez le jeune enfant devrait débuter après l’âge de 4 mois et avant l’âge de 6 mois. Les données de consommation entre 3 et 10 mois d’âge, de près de 11 000 enfants issus de la cohorte ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), représentative de la population française née en 2011, ont été utilisées pour étudier les facteurs de santé, socio-économiques et démographiques associés à l’âge de la diversification alimentaire.
Les résultats montrent tout d’abord que l’âge moyen d’introduction de l’alimentation de complément est de 5,2 ± 1,2 mois. Pour 62 % des enfants, l’âge de la diversification alimentaire est en adéquation avec les recommandations européennes. Plus d’un quart des enfants reçoit des aliments de complément avant l’âge de 4 mois, alors que 12 % attendent plus de 6 mois pour en recevoir (cf. figure).
Après ajustement sur les potentiels facteurs confondants, il apparaît que les mères les plus à risque d’introduire précocement l’alimentation de complément (avant l’âge de 4 mois) chez leur enfant, sont les mères :
- fumeuses ;
- présentant un surpoids ou une obésité avant la grossesse ;
- les plus jeunes (moins de 29 ans);
- ayant un niveau d’étude bas ;
- déclarant utiliser leur expérience personnelle comme source d’information pour soigner leur enfant ;
- formant un couple dans lequel aucun des deux parents n’est né en France.
Au contraire, les facteurs apparaissant comme protecteurs d’une diversification alimentaire précoce sont :
- donner naissance à une fille (plutôt qu’à un garçon) ;
- donner naissance à un deuxième enfant (plutôt qu’à un premier) ;
- pratiquer plus longtemps l’allaitement maternel ;
- assister à au moins un cours de préparation à l’accouchement.
Par ailleurs, les mères d’un deuxième enfant et celles allaitant plus longtemps leur enfant au sein sont les plus coutumières d’une diversification tardive (après l’âge de 6 mois). Les mères nées à l’étranger, en couple avec un homme né en France, sont, au contraire, moins exposées à une diversification tardive.
En conclusion, les auteurs de cette étude alertent sur la proportion élevée de mères mettant en place, en France, une diversification alimentaire trop précocement. Ils insistent sur la nécessité de diffuser des messages simples et clairs concernant l’âge de la diversification et de cibler en particulier les mères à risque : jeunes, fumeuses, en surpoids, ayant peu étudié, nées hors de France et qui ne pratiquent pas l’allaitement maternel.
BOURNEZ, M. KSIAZEK, E. WAGNER, S. « et col. » Factors associated with the introduction of complementary feeding in the French ELFE cohort study. Maternal & Child Nutrition, 2017, e12536, p. 1-15 (doi: 10.1111/mcn.12536).