La consommation d’acides gras saturés n’est pas significativement associée à l’augmentation du risque cardiovasculaire, au nombre d’événements ou encore à la mortalité cardiovasculaire.
Pendant plusieurs décennies, l’hypothèse diète-cœur (“diet-heart hypothesis”) selon laquelle la consommation d’Acides Gras Saturés (AGS) entraînerait une augmentation du risque cardiovasculaire par le biais de la hausse de la cholestérolémie, a été largement suivie pour élaborer les recommandations nutritionnelles. Cette hypothèse est depuis quelques années sujette à controverse au sein de la communauté scientifique, ce qui remet en question le rôle des AGS dans l’alimentation. Une revue de littérature examine les données scientifiques les plus récentes (publiées entre 2010 et 2021) afin de faire le point sur les liens existants entre la consommation d’AGS et le risque cardiovasculaire. Au total, 4 études d’observation, 3 essais contrôlés randomisés et 25 revues systématiques de littératures et méta-analyses ont été inclus par les auteurs.
Les résultats mettent en évidence que ni les études épidémiologiques d’observation ni les études d’intervention ne parviennent à montrer une association significative entre la consommation d’AGS et le risque cardiovasculaire. Aucun lien n’est montré en particulier avec :
- la maladie coronarienne,
- l’infarctus du myocarde,
- ou la mortalité cardiovasculaire.
La réduction de la consommation d’AGS ne montre pas d’effets bénéfiques sur ces mêmes paramètres. Si le remplacement des AGS par des acides gras polyinsaturés ou monoinsaturés, ou encore par des glucides est soutenu par quelques études, il ne peut pas être retenu comme une solution permettant de réduire le risque cardiovasculaire, au vu de l’ensemble de la littérature scientifique.
Plusieurs études ont spécifiquement examiné la relation entre la consommation de produits laitiers, riches en AGS, et la santé cardiovasculaire. Il apparaît que la consommation de produits laitiers aurait un effet neutre, voire bénéfique sur le risque cardiovasculaire.
En conclusion, cette revue de littérature ne va pas dans le sens de l’hypothèse diète-cœur : les données scientifiques disponibles ne permettent pas de continuer à recommander une diminution de la consommation des AGS pour améliorer la santé cardiovasculaire. Les auteurs insistent sur l’importance de ne pas avoir une vision réductionniste de l’alimentation en focalisant sur un micronutriment spécifique, tel que les AGS. Ils mettent en lumière la nécessité de prendre en compte par exemple la matrice alimentaire dans laquelle se trouve les AGS, ou encore l’ensemble du régime, plutôt que de se limiter à l’étude d’un micronutriment considéré isolément.
VALK, R. HAMMILL, J.& GRIP, J. Saturated fat: villain and bogeyman in the development of cardiovascular disease? European Journal of Preventive Cardiology, 2022, zwac194, doi: 10.1093/eurjpc/zwac194/6691821.