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Symposium FIL 2022 : enfance et produits laitiers

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Publié le 13/06/2022
Modifié le 17/06/2022
Modifié le 17/06/2022
Temps de lecture : 7 minutes
symposium fil 2022 enfance et produits laitiers
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Le 12 mai dernier a eu lieu en ligne le symposium Nutrition et Santé 2022 de la Fédération Internationale du Lait. Quatre conférences ont spécifiquement traité de la nutrition pendant l’enfance. Retour sur cet événement.

Seema Puri (Delhi University, Inde) rappelle tout d’abord le rôle des aliments d’origine animale dans l’alimentation des enfants et des adolescents à travers le monde. Elle insiste sur le fait que ces aliments représentent pour les enfants un apport protéique d’excellente qualité, ainsi qu’une source de nombreux micronutriments particulièrement biodisponibles. Seema Puri met ensuite en lumière l’importance des aliments d’origine animale pour la croissance des enfants : les données de l’OMS montrent par exemple que la prévalence du retard de croissance chez l’enfant est inversement corrélée à la consommation d’aliments d’origine animale.

Ian Givens (University of Reading, Royaume Uni) pointe quant à lui l’importance de la consommation de produits laitiers par les mères, pendant la grossesse et l’allaitement, pour la bonne santé de leur enfant. Une consommation quotidienne de lait et de produits laitiers peut permettre d’atteindre plus facilement les apports recommandés de minéraux tels que la vitamine B12, l’iode et le calcium :

  • les apports nutritionnels de référence (ANR) pour la vitamine B12 (Royaume-Uni – femme enceinte : 1,5 µg/j, femme allaitante : 2 µg/j) peuvent être atteints ou approchés avec seulement 200 ml de lait ;
  • 440 ml de lait permettent d’atteindre les ANR relatifs à l’iode, pour les femmes enceintes (140 µg/j) ;
  • enfin, 570 ml de lait sont nécessaires pour atteindre 700 mg de calcium par jour (ANR Royaume-Uni pour les femmes enceintes).

Lisanne du Plessis (Stellenbosch University, Afrique du Sud) met en avant l’importance de la mise en place de guides alimentaires nationaux à destination de la population infantile, dans tous les pays du monde. Aujourd’hui, seuls dix pays africains ont finalisé la création de guides alimentaires, parmi lesquels deux possèdent un guide pédiatrique (l’Afrique du Sud et la Zambie). Lisanne du Plessis relève la nécessité de prendre en compte différents paramètres, lors de la création d’un guide alimentaire national : le régime alimentaire habituel de la population, les facteurs culturels, socioéconomiques ou encore écologiques, le territoire de vie et ses contraintes, ainsi que les principaux problèmes sanitaires de la zone géographique.

Produits laitiers entiers ou allégés ?

La consommation de produits laitiers allégés en matière grasse, comparativement à celle de produits laitiers entiers, présente-t-elle un intérêt pour les enfants ? Therese O’Sullivan (Edith Cowan University, Australie) présente un essai contrôlé randomisé en double aveugle qui tente de répondre à cette question. Quarante-neuf (49) enfants, âgés de 4 à 6 ans, tous consommateurs réguliers de produits laitiers entiers ont été inclus soit dans un groupe « intervention » (n = 24), passant ainsi à une consommation quotidienne de produits laitiers allégés pendant 3 mois, soit dans un groupe « contrôle » (n = 25), consistant en une poursuite de la consommation de produits laitiers entiers pendant la même période.

Les résultats mettent en évidence une réduction significative de l’apport en lipides laitiers parmi les enfants du groupe « intervention », comparativement à ceux du groupe « contrôle » (- 12,9 ± 4,1 g/jour, P = 0,003). Cette baisse est corroborée par une diminution de la concentration érythrocytaire en acide pentadécanoïque, utilisé comme biomarqueur de l’apport en graisse laitière.

L’auteur met en avant le fait que, malgré cet apport diminué, les enfants consommant des produits laitiers allégés n’ont pas réduit leur apport énergétique total, comparativement à ceux du groupe consommant des produits laitiers entiers (P = 0,936).

Enfin, pour l’ensemble des mesures anthropométriques, de composition corporelle, de pression artérielle ou encore de lipidémie ou de glycémie à jeun, aucune différence entre les deux groupes d’enfants n’a été mise en évidence.

En conclusion, Therese O’Sullivan insiste sur le fait que la consommation de produits laitiers allégés ne semble pas avoir d’effet sur l’apport énergétique total et sur les marqueurs de l’adiposité et du risque cardiométabolique chez l’enfant, comparativement à celle de produits laitiers entiers. Elle recommande de promouvoir, pour les enfants, la consommation de produits laitiers entiers ou demi-écrémés, plutôt que d’orienter les choix des parents uniquement vers l’achat de produits allégés.