22 mai 2017
Le procès des parents dont le bébé de 7 mois est mort de malnutrition vient de s’ouvrir en Belgique.
Cette information est largement reprise dans les media. Il semble que ces parents pensaient « bien faire » en nourrissant leur petit garçon avec des jus végétaux…
Les professionnels de santé – tout au moins la plupart d’entre eux – savent que les jus végétaux n’ont rien à voir avec le lait et qu’ils ne peuvent le remplacer. Les jus végétaux font partie de l’offre alimentaire et on peut bien sûr en consommer si on le souhaite. Mais on ne peut pas les considérer comme des équivalents nutritionnels du lait ; ils sont notamment naturellement très pauvres en calcium, dépourvus de vitamine B12, et la plupart ne contiennent pas ou peu de protéines.
Les jus végétaux ou boissons végétales sont évidemment tout à fait inadaptés à l’alimentation du nourrisson.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) rappelait il y a quelque temps qu’ils « ne doivent pas être utilisés, que cela soit à titre exclusif ou même partiel, chez l’enfant de moins de un an » ; tout en ajoutant « il est nécessaire que les parents soient informés du fait que ces produits ne conviennent pas au remplacement du lait maternel et des laits infantiles 1er et 2ème âge chez les nourrissons âgés de moins de 1 an et que cette pratique peut être à l’origine d’accidents graves. »
Pour informer correctement, ne faudrait-il pas commencer par respecter la réglementation et appeler un chat un chat, ou plus précisément un jus végétal un jus et non pas un lait ?
La réglementation stipule que la dénomination « lait » est réservée exclusivement au produit de la sécrétion mammaire normale. A deux exceptions près : pour des raisons assez obscures, les jus issus de la noix de coco et des amandes ont droit à l’appellation «lait», bien qu’elles n’aient ni mamelle ni propriétés nutritionnelles comparables au lait. Pour les autres, il faut dire « jus » : jus de riz, de soja de quinoa, de châtaigne….
Pourtant les media ont tendance à induire le consommateur en erreur en entretenant la confusion. Y compris ceux qui ont relaté cette semaine l’histoire du bébé nourri aux « laits végétaux ». Ce drame aurait justement pu être l’occasion de faire de la pédagogie en évitant d’appeler lait ce qui n’est pas du lait. Parlerait-on de jus de vache ou de chèvre ? Soyons sérieux et responsables: nous aussi, professionnels de santé, devons être vigilants et clairs avec nos patients.
Docteur MC.Bertière
Avis relatif aux risques liés à l’utilisation de boissons autres que le lait maternel et les substituts du lait maternel dans l’alimentation des nourrissons de la naissance à 1 an. Anses,2013. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2011sa0261.pdf