L’intolérance au lactose est une affection dont la prévalence est souvent surestimée. Mal expliquée, elle met en jeu la couverture des besoins en calcium du patient et sa santé osseuse. La consommation de lait ou de produits laitiers peut et doit être maintenue, moyennant seulement quelques précautions.
Les Instituts de Santé américains (NIH) ont organisé en 2010 une conférence de consensus sur le sujet afin de clarifier les définitions et la prise en charge.
- Pour être digéré le lactose, sucre du lait, doit être hydrolysé par une enzyme, la lactase.
- L’activité de la lactase est maximale chez le nourrisson, puis elle diminue physiologiquement. Chez l’adulte, cette activité est variable selon les sujets mais n’est jamais nulle.
- L’hypolactasie, qui peut entraîner une malabsorption, est relativement fréquente mais ne s’accompagne pas nécessairement de signes cliniques.
- L’intolérance au lactose correspond à l’apparition de symptômes gastro-intestinaux (ballonnements, douleurs et diarrhée) à la suite de l’ingestion d’une certaine quantité de lactose, variable selon les sujets. A noter que les symptômes ne sont pas spécifiques, on les rencontre par exemple dans le syndrome de l’intestin irritable. De plus, certaines études se basent uniquement sur l’autodiagnostic ou sur la prédisposition génétique.
En pratique, tout dépend donc de la quantité de lactose consommée :
La plupart des adultes, même hypolactasiques, peuvent digérer jusqu’à 12g de lactose (environ 1 bol de lait) en une seule prise sans désagrément. Dans tous les cas, une activité résiduelle de la lactase persiste toujours et permet de digérer de petites quantités de lactose. Celui-ci est mieux toléré s’il est consommé au cours d’un repas ou intégré à des recettes.
Par ailleurs, les fromages affinés ne contiennent pas de lactose et les yaourts, bien qu’ils en contiennent, sont bien tolérés car leurs ferments digèrent le lactose . Les laits délactosés peuvent également être proposés.
De nombreuses personnes qui sont, ou pensent être, intolérantes au lactose ont un comportement d’évitement du lait et des produits laitiers, ce qui retentit sur leurs apports en calcium et en nombreux micronutriments. Or, la gestion de l’intolérance au lactose ne repose pas sur la suppression du lait ou des produits laitiers mais sur des conseils personnalisés qui respectent les recommandations du PNNS.
Nous pourrions ajouter qu’il existe, dans l’esprit du public, une confusion entre intolérance au lactose et allergie aux protéines de lait. Questionné par un patient, il peut être utile de bien expliquer la différence et la prise en charge.
A lire également, sur les modalités de prise en charge de l’intolérance au lactose : ici.