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Morceaux choisis des JFN : végétarisme, végétalisme et santé

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Publié le 21/01/2019
Publié le 21/01/2019
Temps de lecture : 8 minutes
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Quels sont les risques pour la santé et les potentiels bénéfices de suivre un régime végétarien ou végétalien ?  C’est une des questions qui a été examinée en décembre dernier aux Journées Francophones de Nutrition 2018.

Régimes végétariens : quels liens avec la santé ?

Depuis le début du siècle, la proportion de personnes végétariennes est en augmentation. En France, les études INCA montrent que 0,5 % de la population (18-79 ans) était végétarienne en 2006-2007, alors qu’en 2014-2015, cette proportion atteignait 1,8 %. L’épidémiologiste Luc Dauchet (Institut Pasteur de Lille) fait le point sur les liens entre le suivi d’un régime végétarien et la santé.

Il rappelle tout d’abord les définitions des différents types de régimes quasi végétariens et végétariens (cf. tableau ci-dessous) :

Les exclusions alimentaires de produits animaux entraînent des risques potentiels de carences en protéines, fer, zinc, iode, calcium, vitamines D et B12 et acides gras oméga-3. Dans le cas du régime végétarien le plus courant (ovo-lacto-végétarien), ces carences sont assez facilement évitables grâce à un contrôle et un suivi corrects de l’alimentation.

L’examen par le Dr Dauchet des études de cohortes et méta-analyses comparant les végétariens aux omnivores met en évidence chez les végétariens des diminutions :

  • du risque cardiovasculaire, (Indice de Masse Corporelle réduit, glycémie et cholestérolémie abaissées) ;
  • du risque d’accidents coronariens (de l’ordre de 25%) ;
  • et du risque d’incidence de cancer.

Les liens entre le végétarisme et la mortalité sont plus contrastés. Si certaines études ont trouvé un bénéfice du végétarisme, la dernière méta-analyse datant de 2016 n’a pas montré d’association significative.

Par ailleurs, il apparait que les végétariens présentent des scores globaux de qualité alimentaire supérieurs à ceux des omnivores, et ce, indépendamment du fait d’être végétariens.

En conclusion, le rapport bénéfices / risques d’un régime végétarien bien conduit semble plutôt favorable chez l’adulte. Luc Dauchet insiste sur l’importance de choisir des aliments végétaux de bonne qualité et met en garde sur les situations à risque, par exemple celle des néo-végétariens non informés, qui eux, sont à risque de carences.

 

Régime végétalien : quels risques chez l’adolescent ?

Le Pr Patrick Tounian (pédiatre, Hôpital Trousseau, Paris) étudie les risques, chez l’adolescent, de suivre un régime végétalien. S’il est difficile de connaître la proportion précise de végétaliens chez les adolescents, la tendance, dans la population générale est à la hausse ; le nombre de végétaliens aurait en effet progressé de 350 % au cours de la dernière décennie.

En se tournant vers le végétalisme, les adolescents s’exposent à un certain nombre de carences nutritionnelles.

  1. Alors que la biodisponibilité du fer apporté par les produits carnés est sept fois plus importante que celle du fer apporté par les végétaux, on pourrait s’attendre à observer des carences en fer chez les adolescents végétaliens. Cependant, les quelques études sur le sujet montrent que les adolescents végétaliens ne sont pas plus carencés en fer que les omnivores. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ces observations : l’existence d’un polymorphisme génétique permettant de mieux absorber le fer issu des végétaux, une consommation importante de vitamine C qui favorise l’absorption du fer, ou encore une absorption du fer améliorée par un statut en fer bas.
  2. Les apports en calcium et en vitamine D sont au minimum deux fois plus bas chez les adolescents végétaliens, comparativement aux omnivores. Aussi, leur contenu minéral osseux est significativement diminué, laissant présager un risque accru de fractures pour tout le reste de la vie de ces adolescents.
  3. Exclusivement d’origine animale, la vitamine B12 ne peut être apportée aux végétaliens que par le biais de compléments alimentaires.
  4. Le DHA (acide docosahexaénoïque) est, chez les omnivores, principalement apporté par la consommation de produits de la mer d’où le risque de déficit chez les végétaliens.
  5. Les apports en iode sont très diminués chez les végétaliens. Les études disponibles montrent des carences en iode dans cette population.
  6. Bien que leurs apports protéiques soient inférieurs à ceux des omnivores, les adolescents végétaliens ont des apports protéiques et énergétiques normaux et ne sont pas carencés en acides aminés essentiels.

En conclusion, le Pr Tounian propose les doses suivantes pour complémenter les adolescents végétaliens carencés :

  • fer : 2 à 3 mg/kg/j de fer métal, après dosage de la ferritinémie ;
  • calcium : 500 à 1000 mg/j ;
  • vitamine D : 100 000 UI tous les 3 mois ;
  • vitamine B12 : 250 µg tous les 10 jours ;
  • DHA : suppléments à base de microalgues.

Si ces complémentations permettent d’éviter les carences nutritionnelles, elles n’agissent pas sur les conséquences sociales néfastes dont peuvent également souffrir les adolescents végétaliens.